Dans un lotissement d’immeubles familiaux à Zürich, Madame Isler et Madame Zehnder comptent parmi les premiers habitants, il y a 60ans en 1957. Le groupe Zürich Assurances vient d’acquérir les parcelles et désire tout raser pour reconstruire. Les deux femmes vont devoir à l’instar de leurs voisins trouver un autre endroit où finir leurs jours. La décision est naturellement difficile et déchirante. Elles ont passé la plus grande partie de leur vie entre la naissance de leurs enfants, les joies et les drames familiaux et les aventures du voisinage. L’une déménagera avec son compagnon dans un appartement tandis que l’autre optera pour une place en maison de retraite.
Un documentaire qui peut se passer à n’importe quel endroit en Suisse et dans le monde, parlant de la fin d’une époque où la nostalgie et les souvenirs de toute sorte ne seront désormais que les témoins dans l’esprit et le cœur des habitants.
Il est toujours stressant, existant, troublant, émouvant, difficile ou enthousiasmant de déménager. Mais lorsque cet acte est imposé rien ne va de soi. Que ce soit pour la vétusté des immeubles ou pour une raison plus économique de bénéfice foncier, les locataires se retrouvent finalement sur le chemin de la guerre de l’immobilier et quelle que soit leur situation.
Des images attendrissantes et qui reflètent bien l’état d’esprit des déracinés. Les témoignages des protagonistes vibrent d’une époque sans Internet ni téléphonie mobile où les quartiers familiaux étaient de véritables villages avec leur connivence et leurs attraits populaires. Les souvenirs sont vraiment ce qui reste à chacun pour étayer les photos jaunies, les objets touristiques et les bricolages racornis des enfants par le temps et la poussière. Les albums photos sont comme des garantis du vécu à l’instar de certains tissus et moquettes de bonne confection toujours fidèles à leur utilisateur.
À travers les saisons et les doutes, le réalisateur a su filmer avec bienveillance, l’intimité quotidienne des derniers instants avant le fatal départ. Ce qu’il y a de frappant, c’est l’architecture et la décoration intérieure des appartements anciens et modernes. Les premiers sont comme accordés, assortis aux locataires alors que les seconds détonnent franchement au point que le spectateur sent le sentiment d’insécurité et d’angoisse de ces personnes d’un autre âge.
Côté technique, l’image, la lumière et les prises de vues sont magnifiques. On ne se rend parfois plus compte qu’il s’agit d’un documentaire, on bascule presque dans le film. Le choix des séquences est doux comme une promenade dans un tableau sur plusieurs météo. Un sujet également assez fort, qui concerne ou concerna chacun d’entre nous, tôt ou tard. Comme une carte postale de la Suisse que l’on ne montre pas aux touristes, celle qui a un véritable visage, celle de la masse populaire, celle de la majorité.
Kleine Heimat : Les Petits Adieux
CH – 2020 – 1h35 min – Documentaire
Réalisateur: Hans Haldimann
Casting: Hanna Isler, Kurt Schäfli, Rosa Zehnder
Xenix Film
25.08.2021 au cinéma