Dans une des premières scènes de « Jurassic World », un informaticien du parc à thème ironise au sujet des pressions exercées par les financiers désireux d’attirer un public amateur de sensations fortes, incitant à la création de dinosaures hybrides et monstrueux affublés de noms ridicules. Ce petit dialogue en forme de gros clin d’œil fait office de commentaire sur l’ambition du film ; il sera d’ailleurs suivi par d’autres dans le même genre, à croire que les créateurs de « Jurassic World » ont voulu s’excuser pour les ficelles grossières de leur production. Faute avouée, à moitié pardonnée?
Après des années de développement, cette nouvelle suite à « Jurassic Park » annonçait clairement ses intentions dans les trailers: exploiter au maximum le capital sympathie pour l’opus original de Steven Spielberg, en récupérant tels quels des éléments de mise en scène et de narration. Le problème, c’est que « Jurassic World » ignore le concept de citation et recycle carrément l’une après l’autre les meilleures idées de « Jurassic Park » (et quelques-unes de « The Lost World »). Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir : le film opte pour le risque zéro de peur de s’aliéner les fidèles de son modèle. Et cela a marché, au-delà de toutes les espérances de la production, puisqu’il est devenu l’un des plus rentables de tous les temps. Le public a visiblement pardonné les clichés dignes d’une autre époque. Colin Treworrow est parti pour réaliser un des prochains « Star Wars ». Le business de la nostalgie se porte bien, et le cinéma hollywoodien, définitivement cramponné sur son passé, semble y trouver son compte.
Jurassic World
De Colin Trevorrow
Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Irfan Khan
Distributeur : Universal