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jeudi, décembre 19, 2024
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Jaguar Force

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Jaguar Force
Jaguar Force

« Elles-euh m’inspirééé… elles-euh m’aimééééééé » (renifle bruyamment)… Elles-euh song mortes à cause de mouaaah !!!!! ». Censés nous fendre l’âme, les sanglots d’un homme profondément meurtri par la perte de deux êtres chers suscitent chez les spectateurs, par les bonnes grâces d’une VF fabuleusement idiote, une franche hilarité à laquelle succède bientôt cette interrogation un peu incrédule : mais comment diable un doubleur pouvait-il être aussi magistralement à côté de la plaque !? Après s’être perdu un temps en conjectures (sabotage délibéré de doubleurs en pleine crise de déconne ? Film doublé par des handicapés mentaux en stage d’insertion ?), Nanarland semble aujourd’hui en mesure de lever le voile sur ce mystère : comme pour les « acteurs » blancs de ses films de ninja, la firme IFD recrutait ses doubleurs dans les rues de Hong Kong…

CONFUS ET MAL FOUTU
L’histoire de « Jaguar Force », embrouillée au possible, entremêle une quinzaine de personnages (dont un homme de main nain, preuve de qualité). En fait il s’agit bêtement d’une guerre de gangs pour le contrôle du marché de la drogue. Impuissante à mettre un terme aux agissements des gangsters, la police de Hong Kong fait appel à Chin Yung (le bien nommé Jaguar Lee), un super-flic revenu tout exprès d’on ne sait où (mais sans doute des Etats-Unis, parce qu’il est vraiment fort) pour mener à bien l’Opération Jaguar. Pour ce faire, Jaguar Lee crée la Jaguar Force, une escouade composée de l’élite de la police, soit quatre (!) personnes : un baroudeur de choc, une experte en armes à feu, un spécialiste des triades et une championne de karaté.

Vous l’aurez deviné, « Jaguar Force » est un nanar dont la complexité ne le cède qu’au ridicule, et appréhender du premier coup tous les tenants et aboutissants d’une intrigue aussi nébuleuse relève de l’exploit pur et simple.

Comme si cela ne suffisait pas, il s’ajoute une médiocrité technique à faire frémir, avec une esthétique alternant séquences sous-exposées et sur-exposées, une incompétence flagrante à donner du rythme aux scènes d’action et une grammaire cinématographique qui se limite à l’emploi du zoom. Le film souffre en outre d’un recadrage sauvage qui nous vaut quelques dialogues surréalistes, entre une lampe et un accoudoir de fauteuil par exemple, ou entre un nez et une touffe de cheveux.

Mais ce qui propulse ce petit polar crapoteux au rang de nanar mirifique c’est son doublage.

OSCAR DU DOUBLAGE NANAR
On ne soulignera jamais trop combien un mauvais doublage peut aussi bien saborder une œuvre réussie, que transformer un film sans intérêt en bijou d’humour involontaire. Quand on y songe, un mauvais doubleur s’apparente à un alchimiste capable de transformer l’or en plomb (ce qui est idiot) mais aussi le plomb en or (ce qui est remarquable). En effet, combien de films honnêtes ont été massacrés par l’incompétence et la crasse fumisterie de doubleurs à la diction atone, bégayante ou hystérique ? Et, à l’autre extrémité du spectre, combien de tristes navets n’ont-ils pas été transfigurés en vigoureux nanars en subissant un traitement analogue ? Ami nanardeur, existe t-il doublage plus catastrophique que la version française de « Jaguar Force » ? A cette dernière question, et en l’état actuel de nos connaissances, j’ose répondre, la conscience sereine, NON ! Plus mauvais que ça c’est impossible ! Impensable ! Inconcevable !

Imaginez une succession de doubleurs (enfin, ils doivent être 4 ou 5 maximum) aux accents pataphysiques (ils ne sont probablement pas tous francophones) récitant péniblement leurs lignes de dialogues, hoquetées par paquets de trois mots et ponctués de longs silences, accouchant dans la douleur d’une bouillie verbale absconse à partir de laquelle le spectateur ébahi devra tâcher, tant bien que mal, de faire sens. Une expérience limite à même de rebuter les nanardeurs les moins endurcis mais à voir quoi qu’il en coûte, ne serait-ce que pour pouvoir dire dans les cocktails mondains : j’ai vu le film le plus mal doublé du monde !

[Régis Autran]
www.nanarland.com

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