Un documentaire parfois trop touffu mais éminemment captivant.
L’ambitieuse odyssée documentaire de Samir – l’entrée suisse pour les Oscars 2016 – a les défauts de ses qualités : en reconstruisant le portrait de sa famille éclatée tout en retraçant l’histoire de l’Iraq, le cinéaste touche à un riche matériau mais tend à assommer le spectateur par la masse d’éléments abordés, dont certains auraient mérité d’être plus explorés.
Bien que la présentation de la famille effraie par la complexité de ses ramifications, elle énonce suffisamment bien les personnages concernés pour que le spectateur s’habitue aux différents membres. Le portrait familial fascine, surtout dans sa confrontation aux différents contextes historiques auxquels les grands-parents, oncles et cousins du réalisateur ont dû faire face. Dans cette sur-quantité de situations, on regrette toutefois que Samir ne se soit pas davantage penché sur les conditions de vie dans les multiples diasporas décrites, notamment sur la Suisse, où il affirme ne s’être jamais senti accepté.
Parfois fatigante en raison de son débit, la construction narrative de « Iraqi Odyssey » parvient à rester intéressante, contrairement à l’aspect visuel du film. Si Samir reste évidemment tributaire de la qualité des archives disponibles, il ne compense jamais l’état des documents utilisés par ses propres images, inégales, qu’il ne traite pas forcément de manière très esthétique. On pense notamment à ces nombreuses superpositions où la silhouette des personnes interviewées se voit grossièrement décalquée sur d’autres fonds. La volonté de variation est certes compréhensible, surtout pour un documentaire aussi long et comprenant autant de passages parlés, mais le résultat frise parfois l’amateurisme.
En favorisant la matière sur le reste, Samir livre un documentaire fleuve captivant mais qui s’apparente plus à une production télévisuelle qu’à une véritable œuvre cinématographique.
Iraqi Odyssey
De Samir
Look Now!
Sortie le 03/02