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samedi, décembre 21, 2024
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Patrick Brocca, compositeur suisse de musiques de films est passé du metal qui fait mal au monde des BO.

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Patrick Brocca
Patrick Brocca

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Né à Genève, compositeur, principalement pour musiques de films.

Comment vous est venue l’envie de composer pour le cinéma ?
Après avoir passé passablement de temps à jouer, enregistrer et tourner avec mon groupe de métal, j’ai senti que rester dans une seule direction musicale ne me motivait plus vraiment. Passionné de cinéma avec l’envie d’élargir mon horizon musical, la reconversion devenait évidente. Je me suis monté un studio de qualité professionnelle et j’ai commencé par enregistrer des musiciens pour des BO d’autres compositeurs, fait du sound design, des bruitages, etc. En parallèle, je développais mes compositions et étudiais l’orchestration tout en participant aux scènes de certains de ces films.

Quelles sont les étapes de la composition d’un score ?
Premièrement, il faut déterminer son rôle. La musique devra-t-elle évoquer un lieu, une culture ou une période ? Exemple : rappeler un lieu magique de l’Antiquité sur une scène d’un quartier délabré de nos jours. Un thème devra-t-il réapparaître tout au long du film ? Devra-t-on trouver un thème pour chacun des personnages principaux ? Si de la musique pré-existante est présente, doit-on composer le reste en fonction ? Il peut s’agir d’un film qui comporte de la musique devant être entendue comme source présente à l’écran. Il faut donc s’organiser en fonction.

Pour ce qui est de la musique placée après le montage, on peut commencer à partir d’indications orales ou écrites du réalisateur ou travailler à partir d’une BO temporaire empruntée. C’est très utile pour expliquer ce qu’attend le réalisateur du compositeur. Le film est souvent monté avec cette BO temporaire. Si la demande se limite à copier, à mon sens, ça devient un mauvais plan. L’alternative, et il ne faut pas se décourager, est d’essayer de décrocher le réalisateur de son désir premier en reprenant quelques principes de cette BO temporaire pour développer une BO personnalisée.

La suite consiste à créer une démo assistée par ordinateur. Celle-ci donnera une bonne impression du résultat final. Après acceptation et si le budget le permet, on enregistre soit un orchestre, soit des musiciens pour des instruments particulièrement mis en avant dans le mixage. Si le budget ne le permet pas, de nos jours, à l’aide de machines et d’échantillons de très bonne qualité, on arrive à des résultats impressionnants. Jusqu’à présent j’ai toujours mélangé machines et musiciens ‘live’.

Regardez-vous les rushs avant de commencer à écrire, ou vous basez-vous sur le script ?
Sur le montage final du film, on choisit avec le réalisateur les séquences qui devront avoir de la musique. Puis, je regarde une fois ou deux la scène et commence mon travail de composition en cherchant un thème brut que je varierai et arrangerai, adaptant au fur à mesure. Le but étant d’avoir un regard ‘frais’, le même que celui du spectateur découvrant la scène. Lorsque je deviens moins ‘frais’ (!), c’est le moment de tout passer en revue et d’affiner. Mais j’ai la plupart du temps une idée assez précise de l’orchestration ou du ‘son’ voulu avant de commencer à écrire.

Que devrait apporter à un film une BO réussie ? Peut-elle se contenter d’accompagner les images, ou doit-elle les ‘commenter’ ?
Elle doit remplir son rôle d’influence sur le subconscient du spectateur en tant que complément à l’image. Profiter de son attention focalisée sur l’image et les dialogues, afin de s’introduire dans son subconscient, favoriser son immersion dans l’histoire, amplifier son ressenti.

Pensez-vous qu’une mauvaise BO puisse ‘couler’ un bon film ou qu’un mauvais film puisse être sauvé par sa BO ?
Simplifions : un bon film avec une mauvaise BO est très frustrant, tandis qu’un mauvais film avec une excellente BO l’est moins car le film va s’équilibrer. Souvenez-vous, la musique influence le subconscient, autrement dit la bande son pourra habilement faire passer la ‘pilule’.

Pour terminer, pouvez-vous nous citer quelques BO mythiques ?
Pour ma part, que ça soit la musique ou simplement une approche intéressante de son utilisation, je citerais entre autres : ‘The Omen’ de J. Goldsmith, ‘Starship Troopers’ de B. Poledouris, ‘Psycho’ de B. Herrmann, ‘Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo’ de E. Morricone, Twin Peaks de A. Badalamenti et ‘2001 A Space Odyssey’ de R. Strauss, A. Khachaturian, G. Ligeti.

Patrick Broccawww.pbrocca.com
[SF]

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