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mercredi, novembre 20, 2024
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Michel Hazanavicius : « Les paysages suisses se prêteraient bien aux films d’espionnage »

Lauren von Beust
Lauren von Beust
Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

À l’occasion de la 1ère édition du festival « Rencontres 7ème art Lausanne », le réalisateur de « The Artist », Michel Hazanavicius s’est rendu sur les bords du lac Léman en tant que parrain de l’évènement. Chemise bleu clair et pantalons noirs de circonstance, il s’est confié au Daily Movies autour d’une table ronde du Beau-Rivage Palace.


Bonjour Michel Hazanavicius ! Vous faites partie des premiers invités du festival, ce qui fait également de vous un des parrains de cette première édition « R7arl ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Je suis très content d’être là. Je connais Vincent Perez depuis longtemps, c’est un ami, alors quand il m’a proposé de venir à Lausanne, je n’ai pas hésité. J’aime beaucoup cette idée de rencontrer d’autres réalisateurs, comme Barry Levinson (réalisateur du film « Rain Man », 1989) qui est hyper sympathique ! Il n’y a que dans les festivals que ce genre de rencontres peut arriver. Et je dois dire que je ne m’attendais pas à être aussi bien reçu.

Ces festivals, c’est aussi un moyen pour vous d’aller à la rencontre de votre public ?
Oui, j’essaie de participer au maximum à ce type d’évènements. Encore, récemment, j’ai présenté à Paris « La Garçonnière » (1960) de Billy Wilder devant 500 personnes. Grâce à Rencontres 7ème art Lausanne, autant, on mange avec Barry Levinson, quelqu’un qui a fait de grands films, et autant on part à la rencontre du public. C’est très important et ça me tient à cœur. J’aime bien discuter avec les gens. Mon métier est à la fois très solitaire et en même temps, on doit être ouvert aux autres. Mais je ne vis pas du tout reclus, au contraire !

Votre film « The Artist » est sorti il y a plus de 5 ans. Il vous a propulsé au sommet avec toutes ces récompenses. Et d’ailleurs, il est diffusé dans le cadre du festival. Comment expliquez-vous que l’engouement du public pour ce film soit encore si fort ?
Je ne sais pas vraiment… Car avec « OSS 117 » ou « La Classe américaine », que j’ai également réalisés, c’est l’humour qui a plu et qui plaît toujours au public. Les gens que je croise dans la rue me ressortent encore souvent les répliques. Mais ce n’est pas le cas pour « The Artist ». Le public ne m’en parle pas de la même manière. Les gens l’admirent pour d’autres raisons. Certains l’apprécient pour la performance des acteurs, tandis que d’autres aime l’originalité de l’histoire. Je crois qu’ils se sont identifiés à cette équipe de petits Français soudain récompensés aux Oscars.

« The Artist a fait le grand chelem »

En tout cas, il restera intemporel…
J’imagine, étant donné qu’il est à contre-courant. « The Artist » a fait le grand chelem en étant à la fois reconnu par le public et par l’Académie. Mais honnêtement, je ne m’y attendais pas du tout. Cela vous arrive d’un coup, comme une espèce de miracle, un alignement de planètes. Vous voyez, c’est un peu comme quand vous arrivez à Paris en voiture et que tous les feux de signalisation sont verts, vous n’avez pas besoin de vous arrêter et en plus, vous trouvez une place de parc juste devant chez vous. C’est ça ! Un alignement de planètes !

Vous l’avez brièvement mentionné avant, « OSS 117 » est un diptyque qui a beaucoup compté dans votre carrière. On vient d’apprendre que le troisième volet se fera sans vous, car le scénario vous a déplu. N’auriez-vous pas eu la possibilité de le remanier selon vos envies ?
Comment dire… C’est un peu compliqué ces derniers temps. Dès que je prononce une phrase à propos de « OSS 117 », c’est repris par tous les réseaux sociaux et je ne voudrais surtout pas avoir l’air de m’opposer à ce futur film. Je n’y participerai pas en effet, mais je leur souhaite de faire un long-métrage drôle et qui plaise. Oui, j’aurais certainement eu la possibilité de le remanier, mais disons que je suis sur un autre projet actuellement.

Pardon d’y revenir, mais ce n’était pas trop frustrant pour vous de laisser partir ce nouvel opus dans les mains d’un autre réalisateur ?
Si, un petit peu, mais ce n’est pas un drame non plus. Ils vont le faire avec leur touche personnelle comme j’avais amené la mienne. Et pour ma part, je suis très content de travailler sur cet autre projet.

Justement, parlez-nous en de ce prochain film…
Il est assez difficile à expliquer. En fait, c’est une comédie fantastique qui s’appellera « Le Prince oublié ». C’est un père qui raconte des histoires à sa fille et au fur et à mesure, les spectateurs entrent dans celles-ci. Lorsque cette petite fille s’endort, le public reste immergé dans ce monde imaginaire. En grandissant, elle va demander à son papa d’arrêter de lui raconter des histoires et ce dernier va donc devoir accepter que sa fille grandisse. De leur côté, les histoires vont elles aussi devoir se rendre compte que sans la fillette pour les écouter, elles n’ont plus d’intérêt à être racontées. C’est une comédie à la fois drôle et burlesque, mais aussi très touchante, qui raconte la peur de l’abandon, la peur de devenir inutile.

« Je me retrouve totalement dans ce personnage du papa raconteur d’histoires »

Accepter que sa fille grandisse, c’est aussi quelque chose à laquelle vous devez faire face en tant que père de famille… N’y aurait-il pas, dans cette fiction, un parallèle avec votre vie ?
En tant que père de trois filles, je me retrouve complètement dans ce personnage du papa raconteur d’histoires. Même si ce n’est pas mon projet au départ, car c’est un scénario écrit par Bruno Merle et Noé Debré que j’ai retravaillé à ma sauce, c’est un film très personnel.

Pour en revenir au festival, vous êtes en visite à Lausanne pendant quelques jours, avez-vous déjà visité un peu la ville ?
Hier (24 mars 2018), avec Bérénice (sa femme et héroïne de « The Artist »), on a fait une petite promenade le long du lac Léman. On a adoré ce moment. Le temps est dément avec ce soleil magnifique. J’aimerais rester quelques jours de plus, mais malheureusement, je dois rentrer en France pour continuer de préparer « Le Prince oublié ». Le tournage est prévu tout prochainement.

Pour terminer, serait-il envisageable pour vous de venir tourner en Suisse romande ?
Ah oui tout à fait ! Vous savez, je peux envisager de tourner partout. Même en Suisse ! (rires) Hier, en venant depuis Genève avec la voiture, je me disais que les paysages se prêteraient bien aux films d’espionnage. Les rues sont tellement propres, tellement suisses ! (rires) Avec un cadre aussi beau, on a envie qu’il se passe des choses horribles. A chacun de mes voyages, j’ai tendance à mettre en perspective de cinéma les lieux que je visite. En fonction de mes envies de film, je recherche le meilleur endroit pour le tourner. Donc, réellement, tout est envisageable.

[Interview réalisée en collaboration avec Laurent Billeter]
Pour plus d’informations sur le festival : r7al.ch

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