De passage à Genève, Dany Boon s’est prêté aux questions de Daily Movies concernant sa nouvelle comédie « La Ch’tite famille ». Mais ne vous attendez pas là à une suite ou à un remake anticipé de « Bienvenue chez les Ch’tis . « La ch’tite famille » aborde avec humour, mais aussi avec une certaine profondeur le lien entre ce que nous sommes et nos racines, qu’on les renie ou qu’on les embrasse en en faisant une force. Dany Boon, simple et attachant, présente un film au casting prestigieux, entre rires et émotion, qui selon le parcours de vie de chacun ne laissera pas indifférent.
Votre film a fait l’ouverture du prestigieux festival international du film de comédie l’Alpe Duez, qui montre en général la tendance des films qui ont une chance de bien marcher. Comment a été accueilli votre film ?
Très bien, on a eu un accueil à la fois très chaleureux et des rires fournis. En plus, nous sommes restés pendant toute la projection et c’était génial d’être dans le public et d’entendre les réactions. En plus, il y a de gens du métier et les gens du métier sont toujours un peu plus réservés, mais il y a avait du vrai public derrière et un peu tout autour qui ont beaucoup apprécié le film et qui ont même été émus par certains passages du film.
Votre film a déjà été montré en Suisse lors des premières genevoises et lausannoises, du coup comment avez-vous ressenti le changement de public entre le public français et suisse ?
C’était ma crainte dès qu’on passe la frontière, quelle qu’elle soit, on se demande comment les gens vont accueillir le film. C’était hier (18 janvier au cinéma Pathé Flon de Lausanne), la première date qui était très importante.
Il y a déjà eu les premiers retours positifs sur les réseaux sociaux, mais c’est vrai que souvent les comédies françaises quand elles arrivent en Suisse il y a une pression surtout du côté romand, le côté suisse-allemand c’est encore autre chose.
« Bienvenue chez les Ch’tis » a très bien marché en suisse-allemande. C’est d’ailleurs ce qui nous a donné l’indication pour l’Allemagne où ça a très bien marché aussi. C’est surtout de savoir s’ils vont adhérer à l’histoire et accepter ce qu’on raconte.
Ici en suisse on a beaucoup d’accents, surtout dans certaines régions où l’accent est aussi prononcé que l’accent du Nord de la France.
Ma femme est genevoise donc je sais (rires)
C’est peut-être aussi pour ça que cela fait écho chez nous.
Oui et au-delà de l’accent c’est plus un film sur la famille.
Justement comment vous est venue l’idée de ce film sur les Ch’tis mais qui n’est pas une suite de « Bienvenue Chez les Ch’tis »
Effectivement ce n’est pas une suite, je voulais raconter une autre histoire à travers cette famille Ch’ti et j’ai trouvé l’angle du rapport du lien mère-fils. On reste toujours les enfants de ses parents et les parents nous voient toujours comme des enfants. Je me disais tien, ce serait chouette de trouver une histoire à la fois émouvante et drôle. Donc l’idée, c’est de faire un autre film sur les Ch’tis qui soit différent et qui amène quelque chose de fort et cette relation familiale parle à beaucoup de gens.
Vous êtes revenu dans le Nord pour tourner certaines scènes, qu’est-ce que ça vous a fait ?
Je dors chez ma mère (rires).
Le Nord a-t-il beaucoup changé suite au succès de Bienvenue chez les Ch’tis ?
Quand on est allés tourner le film on est allés voir les endroits où j’avais tourné « Rien à déclarer », et on a visité l’endroit du tournage où ils avaient reconstruit l’endroit du décor en dur et ils font visiter et y a même des jeux pour gagner des trucs. Il y a du tourisme maintenant et c’est chouette, bon ce n’est pas la Côte d’Azur, mais c’est pas mal.
Tourner un film en Ch’ti ça doit être amusant, y a-t-il eu beaucoup de fou-rires ?
Oui, on voit à la fin du film le bêtisier, effectivement il y a eu pas mal de fou-rires. C’est très important pour moi qu’il y a ait une très bonne ambiance sur les tournages et que tous les acteurs soient heureux et épanouis.
Il y a pas mal de stars dans votre film, il y a justement cette scène dans l’exposition où on croise pas mal de « peoples » Pascal Obispo, Arthur, même Claire Chazal entre autres, qui sont des gens qui ont un emploi du temps assez chargé, ça a été facile de tous les réunir pour tourner cette scène ?
Oui, ils ont tourné une journée, c’était d’ailleurs les deux premiers jours de tournage. Et c’est des amis donc ils sont plutôt sympas, ils viennent gentiment et gracieusement, c’était plutôt chouette.
Pour augmenter ce casting prestigieux, vous avez fait appel à un acteur qui revient de plus en plus aujourd’hui dans la comédie, qui est Pierre Richard. Qu’est-ce que ça vous a fait de tourner avec lui ?
Je suis très fan de Pierre, j’aime ce qu’il fait et j’aime son univers, sa folie sa drôlerie. Je trouve que c’est un clown. Il a 82, mais il ne les fait pas. Je l’ai eu au téléphone, car il est de retour du Brésil, sa femme est brésilienne, il était très content des réactions du film et il a hâte de le voir en public. J’ai tourné et j’ai fait tourner une de mes idoles, c’est génial.
Il est très présent dans le film même si on le voit moins que le rôle principal, il prend de la place.
Oui il est présent, en fait c’est souvent comme ça. C’est comme l’orthophoniste, il joue très très bien. Il ne joue que deux scènes, mais on se souvient de lui.
Pour revenir à Pierre Richard, il y a cette fameuse scène presque à la fin du film où il se met à chanter du Johnny en Ch’ti. Évidemment aujourd’hui, on en parle un peu partout suite au décès de Johnny Hallyday, sans parler de coïncidences, qu’est-ce qui vous a poussé à utiliser cette chanson-là.
J’avais déjà utilisé « Que je t’aime » dans ma pièce de théâtre « La vie de Chantier » et puis j’aime beaucoup Johnny on était amis et je voulais que l’acte d’amour de Pierre Richard pour Line Renaud soit à travers cette chanson d’amour de Johnny qui est très importante pour lui et qui est très importante dans le Nord, Johnny est très important dans le Nord. Après évidemment, malheureusement le film sort, les gens se posent la question si j’ai rajouté la scène après coup, mais pas du tout, je lui en avais parlé d’ailleurs. C’était logique que je lui dédicace mon film parce que c’était un ami.
Quand bienvenue chez les Ch’tis est sorti vous aviez dit que vous n’étiez pas trop pour les suites mais plutôt pour d’autres histoires autour du Nord. Envisagez-vous déjà quelque chose pour la suite ? Ici on se dit pourquoi pas un « Bienvenu chez les suisses ».
« Bienvenue chez les suisses » (rires)
Nous avons aussi ici des régions à l’accent très prononcé, ça peut faire l’affaire (rires).
Oui dès qu’il y a une identité forte avec un accent costaud c’est bien d’en parler.
Pour revenir à Valentin votre personnage, est-ce que vous aussi avez déjà eu honte de vos origines ?
Oui bien sûr. Quand j’étais enfant, j’ai eu honte de mes origines « prolo » et le problème qui n’en est pas un en fait, c’est que le côté « prolo » est synonyme de pauvreté de simplicité. Quand j’étais gamin, on n’était pas aimé par les gens plus aisés, on n’était pas aimées et on ne nous traitait pas très bien. J’en ai souffert, mais maintenant, j’en ai fait un atout, car je l’ai mis en valeur. Ma mère parle comme ça, mais c’est toujours pareil, c’est toutes les différences, mon père est d’origine kabyle, du nord de l’Algérie, et il a aussi été brimé quand il était gosse pour cela. Les Kabyles ne sont pas aimés, c’est une minorité donc il y a une sorte de rejet ou de moquerie, dans l’enfance de mon père de la part des arabes algériens qui n’aimaient pas les Kabyles. On en revient toujours à la même connerie, la bêtise et l’ignorance font que les gens sont parfois méchants, mesquins ou agressifs. J’essaie de montrer dans mes films au contraire le bon côté de l’humain.
En tant qu’étranger en Suisse j’ai dû abandonner mon accent péruvien, j’ai dû m’adapter à l’accent genevois. Dans ce film ce que j’ai vu, c’est un rappel à la jeune génération que la différence est un atout et le potentiel de l’être humain, que les accents font une richesse culturelle à ne pas négliger aujourd’hui.
Exactement, comme vos racines péruviennes qui sont très importantes, on est riches de ce qu’on fait de la vie mais aussi de là où l’on vient et des gens qui nous précèdent.
Au moment du lancement de la promotion du film, beaucoup s’attendaient à une comédie très drôle comme « Bienvenue chez les Ch’tis » et finalement on se retrouve face un film qui bien que toujours dans la lignée des comédies françaises mais où il y a beaucoup d’émotion. Était-ce voulu pour couper avec le style ?
Pas pour couper. Je pense que quand on est ému dans un film et qu’on arrive à associer à la fois le rire et les larmes ça donne beaucoup de qualité et de profondeur au rire justement. Et à l’humour du film. Quand il y a les deux, les gens sont comblés.
Quelle est la question que l’on ne vous a pas encore posée concernant le film et que vous aimeriez qu’on vous pose ? Et sa réponse bien sûr.
J’aimerai bien qu’on me pose la question : « Quelle est la question que l’on ne vous a pas encore posée concernant le film et que vous aimeriez qu’on vous pose ? » (Rires) J’aime bien cette question. Ma réponse, j’aime bien qu’on me pose des questions sur le film et j’aime bien partager des points de vue et voyager partout dans le monde avec mon film.
La Ch’tite Famille
FR – 2017 – Comedy
Réalisateur: Dany Boon
Acteur: Dany Boon, Valérie Bonneton, Line Renaud, Pierre Richard, Laurence Arné, Guy Lecluyse
Pathé Films
28.02.2018 au cinéma