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mercredi, novembre 27, 2024
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Alain Guiraudie : « je pense qu’il y a encore de la place pour ce cinéma en France »

Rester Vertical d’Alain Guiraudie

Alain Guiraudie exorcise ses peurs à l’intérieur d’un film social fleuve, entre vraisemblable et invraisemblable. Rencontre.


Léo, cinéaste en quête d’inspiration, est à la recherche du loup sur un grand causse de Lozère lorsqu’il rencontre une bergère, Marie. Quelques mois plus tard, ils ont un enfant. En proie au baby blues, et sans aucune confiance en Léo qui s’en va et puis revient sans prévenir, elle les abandonne tous les deux. Léo se retrouve alors avec un bébé sur les bras et sombre peu à peu dans la misère. C’est la déchéance sociale qui le ramène vers les causses de Lozère et vers le loup…

Alain Guiraudie, réalisateur de Rester Vertical
Alain Guiraudie, réalisateur de Rester Vertical

L’homme, un loup pour l’homme ?
Je n’ai pas voulu illustrer cet adage, même si je l’accorde, la séquence où Léo se fait dépouiller peut le laisser croire. (Rires). Je pense qu’on arrive encore  à fraterniser et qu’on a encore l’envie de l’autre, d’où le titre, « Rester vertical ».

La genèse du film ?
Il m’est toujours très difficile de retracer la genèse de mes films. Je tiens un journal d’écriture depuis quelque temps et je m’aperçois que même en le relisant, plusieurs idées apparaissent sans que je sache vraiment pourquoi. De manière générale, j’y mets beaucoup de choses qui me préoccupent, et qui font l’objet de débats. Ici, les éleveurs emmerdés par le loup, les théories du genre, le suicide assisté. J’aime rebattre les cartes, porter sur ces débats contemporains un autre éclairage.

Il y a 4 ans, j’ai signé une pétition en soutien à ces femmes qui décident momentanément ou définitivement de ne pas s’occuper de leur enfant. En bref, cette pétition reconnaissait que les femmes ne sont pas toutes dotées d’un instinct maternel. L’abandon, c’est toujours plus complexe qu’on le croit. C’est ce que j’ai essayé de montrer à travers le personnage de Marie.

Les peurs d’Alain Guiraudie, première : la peur de la page blanche…
Oui, je me demande ce qu’il se passera lorsque je n’aurai plus envie.

Les peurs d’Alain Guiraudie, deuxième : l’accouchement …
C’est le traumatisme originel, non ? (Rires).

Débuts au cinéma ?
J’ai très vite eu envie de faire du cinéma, vers 11-12 ans. Autant dire que ça me semblait bien loin, je vivais à 700 km de Paris avec des parents agriculteurs et ouvriers. Vers l’âge de 25 ans j’ai décidé de me prendre par la main pour écrire mon premier scénario, qui avait plus la forme d’une nouvelle que d’un scénario d’ailleurs. Certaines de ces nouvelles ont été le moteur de mes films – c’est le cas en partie pour « L’inconnu du lac » et « Le roi de l’évasion ». Ce premier scénario m’a permis de monter une équipe qui voulait bien travailler bénévolement sur le film. C’est comme ça que j’ai tourné mon premier court-métrage.

Rester Vertical d’Alain Guiraudie

Gérer le succès de « L’inconnu du lac »…
Heureusement que ce succès, si on peut appeler ça succès, m’arrive à 50 ans. Plus tôt, je me serais tout de suite pris pour un génie. (Rires). Je me souviens de la période « Ce vieux rêve qui bouge » (2001), dont Godard avait dit qu’il était le meilleur film du Festival de Cannes cette année là. Après ça, je m’étais un peu cassé la gueule. (Rires).

Produire un  film atypique…
Le succès de « L’inconnu du lac » y est pour beaucoup. Le scénario de « Rester vertical » a plu aussi parce que les gens avaient beaucoup aimé le film précédent. Je ne sais pas jusqu’à quand, mais je pense qu’il y a encore de la place pour ce cinéma en France.

Transmettre son univers à Claire Mathon (cheffe-opératrice)…
Je compte beaucoup sur le chef opérateur pour apporter son sens de la lumière et du cadre. Le grand enjeu esthétique de « Rester vertical » a été de tourné les nuits uniquement grâce à la lumière de la pleine lune. La technologie d’aujourd’hui le permet. Claire et moi privilégions toujours la lumière naturelle. Les lieux que je filme sont des lieux que je connais. Ils sont beaux sans artifices.

Cap au sud… ou pas ?
J’ai sillonné cette région en voiture, à vélo, c’est chez moi…Scoop ! Je pense que mon prochain film ne sera pas tourné dans le Sud-ouest.

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