Né en 1895 avec les frères Lumière, le cinéma a été, les premières années, un art populaire diffusé dans les fêtes foraines.
Avant de devenir un art et une industrie, le cinéma est une somme de techniques restituant le mouvement de la vie et de la ville en pleine mutation. Le cinéma est un art de la restitution, de la production de la vie avec les fameuses ‘vues’ des Lumière et ne donne pas encore l’illusion de la vie.
C’est Georges Méliès qui prendra conscience des potentialités de cette pellicule et développera des histoires. Inventeur de génie, il introduit la notion de mise en scène et développe des histoires extraordinaires comme le « Voyage sur la lune ». Il invente son propre langage et ouvre des perspectives de développement insoupçonnées.
En 1907, Louis Delluc tente de concilier art et cinéma et lance le premier « Ciné Club ». Son objectif est que le cinéma quitte la baraque foraine afin de servir l’Art et les lettres. Ainsi, les frères Lafitte créent « Le Film d’Art » portant sur les instances des Sociétaires de la Comédie Française et voient dans le cinéma un moyen de reproduction susceptible de propager les succès du théâtre. Le cinéma se met donc au service du patrimoine national. L’objectif est bien d’amener un public lettré, cultivé et bourgeois vers ce nouvel art. Les premières salles en France se nomment d’ailleurs « théâtres cinématographiques ».
Les films s’exportent et un véritable système (studio, producteurs, acteurs, metteurs en scène) se met en place. Cependant, en quelques années, une inversion géographique de la production va se produire : avant la Première Guerre mondiale, les studios français réalisaient 90% de la production mondiale, mais plus que 15% à la sortie de la guerre. C’est bien sur la production américaine qui prendra le relais. Les studios, soutenus par des agences fédérales, développeront un soft power et un moyen de diffuser l’American Way of life.
Le livre s’intéresse aussi à la diffusion et aux moyens pour obtenir l’adhésion du public. Ce dernier doit pouvoir s’identifier aux acteurs par le développement d’une culture de masse, c’est-à-dire une culture du divertissement. Elle doit fabriquer du rêve à travers des mythes. Les femmes joueront ce rôle de personnification et de désir. Le star-system se met en place. Sarah Bernard sera la première, s’en suivra une série d’actrices les unes plus belles que les autres. Le paroxysme sera atteint avec Marilyn Monroe qui introduit un mythe et une idolâtrie. Elle devient un sex-symbol et sa mort en 1962 marquera le glas du système. Elle fera cependant survivre la star. Ainsi, la française Brigitte Bardot éclipsera Sophia Loren et Gina Lollobrigida à Cannes en 1954. Elle sera la femme fatale, libre, provocatrice. Son retrait marquera aussi la fin d’une période et comme le précise Antoine Matta : « Les stars existent toujours, mais elles ne sont plus un idéal, un symbole, une incarnation, ni même l’image-guide éclairante, messianique d’une civilisation. »
Ce livre dense par la masse de thèmes abordés présente de façon relativement claire une histoire du cinéma de la France à la suprématie américaine. Cependant, certains pans de l’histoire du cinéma américain sont peu abordés comme le mouvement, que l’on nommera plus tard, du Nouvel Hollywood où l’on assiste à une prise de pouvoir des réalisateurs, à l’émergence de producteurs indépendants et de sujets pas abordés précédemment.
Par ailleurs, l’ordre chronologique est difficile à suivre entre certains paragraphes du livre ; on passe trop rapidement d’une époque à une autre sans précision, ce qui fait perdre le fil de la lecture.
A mon sens, ce livre est aussi confus au vu du sujet traité. Un titre, puis un sous-titre qui ne portent pas sur le même sujet ce qui nuit à la compréhension de l’ensemble. Ce n’est qu’au troisième chapitre que le sujet du titre est enfin abordé. Ce chapitre, cependant, est une synthèse de différents auteurs, le plus souvent d’Edgar Morin et son fameux livre Les Stars (1957). Mais le sujet de l’extinction du star-system reste nébuleux et l’ère numérique ne sera pratiquement pas abordée.
EN conclusion, ce livre est rigoureux, précis sur l’histoire du cinéma et la production cinématographique. Cependant, le lecteur reste sur sa faim dans la compréhension du déclin de la star dans le système cinématographique.
Hollywood des stars
La crise du cinéma à l’ère du numérique
D’Antoine Matta
Edition L’Harmattan Cinéma(s)