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mardi, novembre 19, 2024
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« Happy End » : heureux d’en voir la fin !

Avec Happy End, Michael Haneke esquisse, sous couvert de drame familial, une réflexion sur le cinéma et son rôle de médiateur entre plusieurs réalités. Si l’idée de départ est bonne, le résultat, quant à lui, est raté.


Un plan vertical, un peu bancal ; un couloir débouchant sur une salle de bain ; deux bandes noires de part et d’autre de l’écran : c’est bel et bien à travers l’œil d’un smartphone que s’ouvre Happy End, le douzième long-métrage de Michael Haneke. Puis, changement de perspective : plan fixe, l’heure est indiquée en haut à droite ; c’est une caméra de sécurité, témoin d’un accident de chantier, qui prend le relais d’intermédiaire entre le spectateur et la réalité.
Il n’y a même pas cinq minutes que le film a démarré, le parti pris est fort et les horizons d’attentes élevés. Hélas, l’enthousiasme retombe aussi vite qu’il était arrivé. Happy End propose une énième fresque familiale profondément banale. Dans la famille Laurent, je demande Anne, la sœur (Isabelle Huppert), détestable femme d’affaires dont le seul objectif de vie semble être de sauver les apparences, Thomas, le frère (Mathieu Kassovitz), mari trompeur incapable d’aimer sa femme et sa fille et finalement Georges, le père (Jean-Louis Trintignant), le seul qui apporte une once de profondeur à un film d’une morne platitude où même les acteurs semblent s’ennuyer.
Les scènes de désamour familial – on commence à se poser des questions quant au happy end qu’on nous avait promis – se succèdent et se ressemblent, entrecoupées de toujours plus de « plans-écrans » : un échange de mails, une messagerie instantanée, la vidéo d’un YouTubeur. Fascinants dans un premier temps, ils n’apportent rien, ne sont pas exploités et finissent par lasser.
Il faudra attendre les dernières vingt minutes du film pour que la pièce manquante d’un puzzle qu’on rechigne à terminer nous soit livrée sur un plateau d’argent. Georges, à propos d’un oisillon qu’il a vu se faire déchiqueter par un rapace : « C’est drôle, quand tu vois ce genre de chose à la télé, ça te paraît… normal. La nature, c’est ça. Mais quand tu le vois dans la réalité, tu as les mains qui tremblent. » Atténuer l’horreur en la figurant à travers toutes sortes d’écrans, voilà ce qu’a voulu faire Haneke. Le film se comprend bien désormais, se comprend trop. Mais le cinéma constitue déjà cet édulcorant à l’abrupte réalité du monde. La mise en abyme, si elle est bien pensée, n’apporte rien de plus à ce que fait déjà intrinsèquement le film. Autrement dit, elle relève du pléonasme, vouée d’emblée à l’échec.
Péniblement, la fin du film arrive. Alors, Happy End ? Oui ! Et plutôt deux fois qu’une. Non contente de clore deux heures d’un cinéma dont on se serait bien passé, elle nous en offre également la scène la plus réussie. Décidément, Haneke sait tenir ses promesses !

  • Happy End
  • Réalisé par Michael Haneke
  • Avec Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz et Toby Jones
  • Margaret Ménégoz / Les Films du Losange
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