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dimanche, avril 13, 2025
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Gilles de Maistre : « Tata et Shin loo nous ont invité dans leur monde »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Avec sa 16e réalisation, le cinéaste Gilles de Maitre emmène le public voyager en Chine à la rencontre de magnifiques (et taquins) pandas. A distance, nous eûmes le privilège de lui poser plusieurs questions sur « Moon » et d’en apprendre davantage quant à ce moment de grâce.


Votre envie de faire un nouveau film animalier pour les enfants à propos des pandas date de 2018. D’où est-elle venue et pourquoi le choix de ce bel animal et non le tigre ou le pangolin par exemple ? Lors de ma tournée pour « Mia et Le Lion Blanc », j’ai senti à quel point le panda est un animal profondément aimé en Chine… et partout dans le monde. Il incarne quelque chose de doux, de vulnérable, d’universel. Le tigre est majestueux mais plus intimidant et le pangolin est fascinant mais plus difficile à faire incarner au cinéma. Le panda, lui, a cette magie et on a envie de s’en approcher, de le protéger. Aussi car il porte en lui un message très fort sur la beauté fragile de la nature.

De quelle manière vous êtes-vous organisé pour tourner en Chine et en accord avec ce pays ? Tourner là-bas avec de vrais pandas, c’était un défi immense… Mais aussi un privilège. On a travaillé en amont pendant des années en collaboration avec les autorités chinoises, les équipes des réserves naturelles et les spécialistes du panda. Le projet a été bien accueilli car il défend la protection de l’espèce et il parle d’un enfant franco-chinois, Noé Liu Martane, issu d’une famille très connue en Chine. Le contexte était aussi favorable avec le 60e anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises. Ce tournage fut l’un des plus complexes de ma vie… Mais aussi l’un des plus humains.

Comment fut l’approche avec les pandas ? On n’approche pas un panda de la même façon qu’un comédien ! Il faut du respect, du calme, et surtout du temps. On a passé des jours à observer, à comprendre leurs habitudes, leurs envies, leurs limites. Rien n’était imposé. C’est le panda qui décidait du moment où il avait envie d’interagir. On était invités dans son monde, pas l’inverse.

De quelle manière aviez-vous déterminé que le jeune panda qui joue « Moon » serait idéal pour jouer face aux caméras ? Et quel est son vrai nom ? Ce choix s’est fait sur place avec les soigneurs. On cherchait un panda curieux, sociable et qui accepte naturellement la présence d’un enfant. Ce lien fut presque instantané et instinctif avec Noé. On avait 2 pandas pour incarner « Moon ». Un de 9 mois qui joue le bébé dans la 1re partie, Tata. L’autre de 2 ans, Shin loo, dans la seconde.

Comment s’est développée la complicité entre Noé Liu Martane et « Moon » ? C’est là que la magie opère, Noé a directement vécu cette amitié. Dès leur 1re rencontre, avec un coup de foudre. Il y a eu des gestes simples, des jeux et aussi des moments de silence. Au bout de quelques jours, on voyait qu’ils se reconnaissaient. L’un et l’autre se sont apprivoisés – comme dans le livre Le Petit Prince.

Depuis longtemps, vous aimez défier les propos d’Alfred Hitchcock qui disait « de ne jamais tourner avec des enfants et des animaux ». Qu’en pensez-vous et quelle scène a été la plus facile à tourner avec les deux ? Je comprends ce qu’il voulait dire. Ils sont imprévisibles, lents, fragiles… mais tellement réalistes et naturels. Ce que j’aime, c’est qu’on ne triche pas. On doit lâcher prise, être patient, attendre que la magie surgisse. Une des scènes les plus fluides, est celle où « Tian » nourrit le panda pour la première fois. Rien n’était écrit. Tout s’est passé dans un silence plein de douceur.
Un vrai moment de grâce.

Comment se passait une journée type du tournage ? On commençait souvent à l’aube pour profiter de la lumière naturelle et du rythme des pandas. Avant toute prise, on les observait. Si le panda voulait jouer, on jouait. S’il voulait dormir, on le laissait. Autour, toute l’équipe devait être en mode « zen absolu » ! C’était une sorte de méditation filmique… avec 100 personnes.

« Tian » décide à un moment donné, de construire une zone de jeux. Dans la réalité de quelle manière cela a pu se concrétiser et qu’est devenue cette surface idéale pour les pandas ? On a vraiment construit une petite zone de jeux adaptée aux pandas, avec des structures simples, des plateformes, des jouets naturels. Elle a été pensée avec les soigneurs pour être bénéfique aux animaux. Mais c’est un décor de cinéma !

Selon vous, si le lion blanc « Thor » rencontrait « Moon », que se diraient-ils ?
Thor dirait : « Tu m’as volé la vedette, petit gros ! »
Et Moon lui répondrait, la bouche pleine de bambous : « T’as rugi, j’ai conquis. »

Plus sérieusement, ils partageraient sûrement une chose essentielle : L’amour de la liberté et cette capacité incroyable à créer des liens avec les humains, sans un mot.

Si vous deviez tourner un nouveau film animalier mais sans aucun humain. Quelle en serait l’histoire et avec quels animaux ? J’adorerais. Ce serait l’histoire d’un vieux singe qui recueille un petit animal blessé – un bébé paresseux, disons – dans une forêt en feu. Ensemble, ils traverseraient des paysages fabuleux à la recherche d’un endroit épargné. Aucun dialogue. Juste des regards, des sons, du vent, de la musique. Un pur poème visuel sur la survie, la tendresse et la solidarité sauvage.

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