En 2029, dans un univers futuriste cyberpunk, Major, une femme cyborg ultra-améliorée, combat une nouvelle forme de terrorisme au sein de la Section 9 : le piratage du cerveau humain. Alors qu’elle traque un mystérieux et dangereux criminel du nom de Kuze, Major commence à douter de son identité et de la réalité de son propre passé. Qui est-elle vraiment ?
Rupert Sanders réalise une adaptation live des deux longs-métrages animés de Mamoru Oshii Ghost in the Shell (1995) et Innocence (2004), en intégrant également des éléments de la série Stand Alone Complex de Kenji Kamiyama. Toute la franchise Ghost in the Shell prend ses sources dans le manga culte éponyme crée par Masamune Shirow en 1989. Un pari risqué que le réalisateur de Blanche-Neige et le Chasseur relève largement, mais non sans quelques déceptions.
Porté par un casting international, le remake se veut premièrement être un hommage fidèle à l’univers Ghost in the Shell. Les fans se délecteront de la première scène magistrale de la naissance du Major qui, bercée par la bande son originale de 1995 composée par Kenji Kawai, offre une expérience esthétique visuelle et auditive saisissante. Si de nombreuses séquences, comme celle-ci, sont reprises de l’anime de Mamoru Oshii, parfois scrupuleusement plan par plan, le remake prend le parti de ne pas être qu’une simple copie remastérisée. Imaginant un scénario original qui s’intéresse à raconter le passé des personnages, le film live puise dans les ressources de la franchise sans oublier d’y contribuer.
Une trame originale à laquelle on pourrait néanmoins regretter un manque de profondeur. Le propos du film ne fait qu’effleurer les questions cruciales que creusaient si intelligemment les adaptations de Mamoru Oshii, alors que nous sommes plus proches que jamais de ce futur prophétisé par Masamune Shirow près de 30 ans plus tôt, de cette société ultra-connectée à la fois enrichie et menacée par l’avènement des intelligences artificielles. Certaines questions pertinentes et si brûlantes à l’heure actuelle sont ainsi évincées au profit d’un propos plus simpliste et ordinaire. Si la réflexion sur l’identité individuelle n’est pas sans intérêt, la réponse explicitée par le film ne vole pas bien haut. Mais surtout elle nécessite la réponse à des questions plus essentielles encore sur ce qui fait l’identité de l’être humain. Qu’est-ce qui différencie l’homme de la machine ? Qu’est-ce que le »ghost » ? Est-ce que l’âme, la conscience humaine peut-être physiquement incarnée par une intelligence artificielle ?
Si le propos est donc plus superficiel et moins ambitieux d’un point de vue philosophique, n’oublions pas que nous pouvons difficilement attendre plus d’un block buster. Sans aucun doute que ce remake de Ghost in the Shell qui, à défaut d’en mettre plein la tête, en met plein les yeux, séduira le grand public. Quant au spectateur plus exigeant sur le fond, on ne pourra que lui conseiller de (re)faire un deep dive dans l’indétrônable version de Mamoru Oshii.
Ghost in the Shell
US – 2017 – Action
Réalisateur: Rupert Sanders
Acteur: Scarlett Johansson, Michael Wincott, Michael Pitt, Juliette Binoche, Rila Fukushima
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29.03.2017 au cinéma