Rencontre avec Géraldine Rod, réalisatrice de la série « La Vie sur Vénus », qui a été diffusée sur la RTS du 18 mai au 12 juin 2015 !
Pouvez-vous en quelques phrases nous présenter votre parcours ?
Après avoir fait l’école d’art de Genève, je suis partie travailler à Berlin. J’ai ensuite fait un master en Allemagne durant lequel j’ai réalisé deux courts-métrages et fait du montage live pour la télévision. À la suite de mes études, j’ai travaillé sur le film Sils Maria d’Olivier Assayas, produit par CAB Productions qui a aussi produit La Vie sur Vénus.
Comment est né le projet « La Vie sur Vénus » et pouvez-vous développer le terme « série transmédia » ?
Le terme transmédia correspond au fait de transmettre le contenu d’un même projet sur différents médias – livre, jeu vidéo, application, cinéma, site web, télévision, cd – qui raconteront une seule et grande histoire. Dans La Vie sur Vénus bien que le centre du projet soit les épisodes, la vie d’Eva, notre personnage principal, est racontée à travers d’autres médias – photos, statuts, articles, partages d’articles. Ils servent à agrémenter une plus grande histoire
La série est née de plusieurs envies: la mienne de faire une série ludique et pédagogique sur plusieurs médias, celle du producteur Jean-Louis Porchet de développer un projet à l’EPFL et celle de l’ancien directeur de la communication de l’EPFL de parler de femmes dans le milieu scientifique. Alors j’ai commencé à écrire la vie d’Eva et « transmediaprojects.ch » qui aident la production de projets transmédia a tout de suite soutenu ce projet.
Pouvez-vous nous parler de l’écriture de la série et de votre collaboration avec la co-scénariste Marina Rollman, comment procédiez-vous, est-ce que les épisodes étaient déjà tous écrits avant le début du tournage?
L’écriture a pris beaucoup de temps, le plus dur étant de rendre ludique un contenu scientifique tout en le gardant juste et factuel. L’histoire d’Eva, étudiante en physique, ainsi que les recherches scientifiques ont été faites en premier. Avec Marina Rollman, nous avons développé les gags autant visuels que des dialogues, en modelant sans cesse la structure générale de l’histoire d’Eva. Nous testions directement les gags sur l’autre. Si le gags n’était pas tout de suite compris ou que le gag ne suscitait pas de rires… il était raté, donc on en cherchait un autre.
Une dernière étape d’écriture s’est déroulée avec les acteurs durant les répétitions, nous avons réécrit les dialogues lorsque cela ne sonnait pas tout à fait avec le personnage. Mais lors du tournage presque aucun mot n’a été changé.
Pouvez-vous nous parler du tournage, en combien de jours la série a été tournée et comment se déroule une journée de travail ?
Le tournage a duré 11 jours. Le travail avec l’équipe s’est extrêmement bien passé, mais les journées étaient très très remplies. Et nous n’avons malheureusement pas tout tourné, car le temps et le budget était serré et quelques « images-gag » sont tombées. J’ai ensuite retourné un jour seulement avec Charlotte Dumartheray, l’actrice principale, pour refaire quelques gags en plus.
Quelles parties de votre travail préférez-vous, écriture, production, tournage, post-production, etc. ?
Le tournage. C’est un moment excitant où la concentration est au maximum et où je fais ce que je préfère: travailler avec les acteurs. Sur ce projet, toutes les autres étapes – écriture, préparation, montage, post-production – étaient aussi très agréables car je travaillais avec des gens créatifs qui faisaient du bon travail.
Comment travaillez-vous avec les comédiens ?
Nous faisons des lectures et des répétitions et je réécris parfois des dialogues. Les répétitions me permettent de connaître les acteurs et pour eux de se demander ce que j’attends. On commence alors à comprendre comment nous allons travailler ensemble. Je préfère répéter un maximum avant le tournage, car le tournage est un moment intense et nous devons savoir exactement ce que nous allons faire.
Est-ce que vous avez des projets de passer du petit écran au grand écran, tourner un film de cinéma plus tard ?
C’est mon but. J’ai réalisé 4 courts-métrages avant La Vie sur Vénus et j’ai travaillé sur plusieurs plateaux de longs-métrages. Par contre, l’expérience « petit écrans » ou dans mon cas plusieurs écrans, était très intéressante et très libre.
J’ai plusieurs scénarii en cours, dont un que j’écris à nouveau avec Marina Rollman. Ainsi que 20 loglines pour des autres épisodes de La Vie sur Vénus. Je ne sais pas encore ce qui sera fait en premier. Mais je n’exclus pas de refaire plus tard un projet pour le petit écran, si j’ai une idée ou une envie.
Vous avez travaillé sur le film « Sils Maria » de Olivier Assayas, pouvez-vous nous parler de cette expérience?
C’était très enrichissant de travailler sur ce film. Premièrement car le film réunissant une équipe internationale et parce que j’ai pu observer le travail d’un réalisateur dont j’aime beaucoup les films et de grandes actrices. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup de responsabilités durant les préparations et le tournage – constituer l’équipe de tournage suisse et superviser l’organisation du tournage en Engadine. C’était un grand défi pour moi, donc j’ai énormément appris. Ce qui me servira beaucoup pour la réalisation de mon propre long métrage.
Quelles sont vos influences, les cinéastes et les films qui comptent pour vous dans votre parcours ?
C’est dur de n’en citer que quelques-uns. J’adore l’oeuvre de Luis Buñuel sur laquelle j’ai beaucoup écrit durant mes études, j’admire sa façon de faire des films engagés, très critiques, surréalistes et drôles! Les essais surréalistes des années 30 et Maya Deren m’ont beaucoup influencée lorsque j’avais 18 ans. Le travail de John Cassavetes sur la direction d’acteur compte beaucoup pour moi. En plus, dans ses films, la caméra devient un acteur supplémentaire. J’aime l’humour des films de Gustave Kervern et Benoît Delépine, comme « Aaltra » leur premier film, un road movie en fauteuil roulant. « Beau travail », un magnifique film de Claire Denis, m’a aussi marqué.
Quels sont vos projets dans un avenir proche ?
L’écriture, entrecoupée par beaucoup de lecture.