Dans « Fury », le réalisateur du vulgaire mais efficace « End of Watch » se sert de la subtilité qu’on lui connaît pour illustrer une troupe de soldats américains avançant en territoire Allemand lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Bien qu’il soit entaché par des improbabilités scénaristiques (à l’image de la scène de résistance finale, qui s’apparente plus à une série B faisant fi de toute vraisemblance qu’à un quelconque film »historique »), « Fury » a le mérite d’offrir un divertissement immersif et corsé.
Toutefois, cela ne suffit guère à dissiper l’arrière-goût propagandiste du projet. La malhonnêteté du long-métrage apparaît dans sa dimension révisionniste, puisque le film dépeint des soldats un peu bestiaux – c’est la guerre quand même – mais qui se comportent (relativement) honorablement. Par conséquent, on ne viole pas les femmes allemandes – elles sont toutes consentantes ou alors un boyscout empêche la situation de déraper – et on ne tue que les méchants officiers SS, jamais les enfants-soldats. Cette édulcoration mensongère s’oppose paradoxalement à l’approche violente et gore du film : on préfère ainsi feinter le traitement d’éléments historiques au profit de valeurs patriotiques et d’effets spectaculaires. À ce propos, les balles traçantes tirées par les tanks ressemblent plus à des tirs au laser qu’à des obus.
Mais au final rien de tout ceci ne semble importer puisque comme les soldats protagonistes ne cessent de le répéter, il s’agit du meilleur boulot qu’ils n’ont jamais eus. Une idéologie qui laisse un sentiment amer à la fin du visionnage.
Fury
De David Ayer
Avec Brad Pitt, Logan Lerman, Shia LaBeouf…
Sony Pictures / Rainbow