Réalisé par Shawn Levy (la trilogie « La Nuit au musée » entre autres), « Free Guy » est une bulle d’air frais plus que bienvenue. Entre la comédie et le film de super-héros, le film aborde l’univers des jeux vidéo d’une manière originale et inattendue. À voir absolument.
Quand la bande-annonce de « Free Guy » est sortie il y a quelques mois, je dois avouer que j’étais quelque peu sur la retenue : d’un côté, il y avait Ryan Reynolds qui avait l’air de faire du pur Ryan Reynolds en marchant gaiment sur du Mariah Carey tandis que le monde autour de lui partait en fumée (des gens sont agressés, des voitures percutées, les banques se font braquer sans vergogne…), et de l’autre, il semblait y avoir beaucoup d’explosions, d’image de synthèse (qui pour ma part peut avoir le risque de me sortir du film) et de formules de films d’action vues et revues. Alors je n’ai jamais été contre le films de « pur divertissement avec des explosions dans tous les coins », mais à une aire de toutes les suites, reboot, remake ou spin-offs de grosses franchises, j’avais un peu peur que ce film sente le réchauffé et qu’il n’apporte pas grand-chose de nouveau dans les films de super-héros. Maintenant que je l’ai vu, je suis ravie de constater à quel point j’ai pu me tromper.
Guy (Ryan Renyolds) est un homme tout ce qu’il y a de plus classique : tous les matins il se lève, il dit bonjour à son poisson rouge, part travailler, prend sa boisson préférée toujours dans le même café, salue les mêmes personnes dont la vie est tout autant millimétrée, et débute sa journée de travail en tant qu’employé de banque. La seule chose qui nous fait nous dire que quelque chose est anormale (mis à part son entrain inhabituel pour quelqu’un qui travaille toute la journée derrière un guichet), c’est que Guy traverse la ville pour aller travailler au milieu de choses qui nous paraissent anormales, mais qui semblent tout à fait acceptables dans son monde. En effet, ni sa joie de vivre, ni celle de ses amis ne semblent être affectées par les explosions de buildings, les agressions multiples que subissent certains d’entre eux, le fait que la banque où lui et son meilleur ami travaillent est braquée tous les matins. Au contraire, Guy le-mec-ordinaire (« guy » veut d’ailleurs dire « mec » ou « gars » en anglais) salue ses clients de la même manière tous les jours, s’empresse d’obtempérer lorsqu’il se fait menacer chaque jour, rentre chez lui, et recommence le jour suivant. Jusqu’au jour où il met la main sur les fameuses lunettes de soleil que seuls les gens « cool », les gens « qui comptent », ceux qui peuvent faire ce qu’ils veulent sans conséquence semblent posséder, et là, tout bascule.
– ATTENTION, la partie suivante de l’article contient des spoilers ! –
En réalité, on apprend (ou alors on le sait déjà, selon la bande-annonce visionnée) que le monde dans lequel Guy évolue est un jeu vidéo et qu’il n’est pas exactement un joueur. En fait, plus (ou alors moins) qu’un « gars lambda », Guy est un PNJ (autrement dit un « personnage non-joueur » dans un jeu vidéo, un personnage de fond qui n’a pas d’autre but que de mettre en valeur les personnages principaux et les joueurs et les faire avancer dans leurs quêtes), et c’est à partir du moment où il met les lunettes qu’il va comprendre qu’il a le droit de sortir du chemin tracé ; qu’il peut, lui aussi, prétendre à une vie où ses choix seraient illimitées. En rencontrant deux des programmeurs du jeu, Guy va devoir devenir le meilleur gamer pour sauver le monde dans lequel il vit.
– Fin des spoilers –
Avec un casting comptant, pour les plus connus, Ryan Reynolds (le personnage de Guy est plus qu’attachant et semble être taillé sur mesure pour lui), Jodie Comer (la série « Killing Eve »), Joe Keery (la série « Stranger Things »), ainsi que Taika Waititi (surtout connu pour avoir réalisé « Thor : Ragnarok » et « Jojo Rabbit »), et quelques caméos bien placés, « Free Guy » passe plus inaperçu dans nos contrées francophones qu’aux États-Unis, mais il mérite sincèrement que l’on s’y attarde.
Plus qu’un film de divertissement (sans oublier à quel point les films divertissants peuvent être importants pour nous aider à nous évader), « Free Guy » est une véritable bouchée d’air frais qui amène également une réflexion sur la tendance qu’ont les gros studios (que cela soit dans le cinéma ou dans les jeux vidéo) à préférer faire des suites, ou simplement exploiter des concepts connus, au lieu de miser sur la créativité et l’originalité. Le film joue avec les codes des jeux vidéo (sans devenir inaccessible pour les gens qui ne s’y connaissent pas), ainsi que certains aspects de films de super-héros, et crée quelque chose de nouveau et de rafraichissant ; sûrement parce que le scénario est original (co-signé par Matt Lieberman et Zak Penn), parce que c’est drôle sans trop en faire (à mon goût) ou encore parce que les enjeux pour les personnages sont graves mais n’atteignent pas des sommets comparables aux tourments qu’ont pu rencontrer les Avengers. C’est là où réside tout son génie : il flirte avec la parodie, embrasse l’hommage, pour créer quelque chose de nouveau et de rassurant à la fois. Sommes toutes, « Free Guy » est un film à part entière, un film drôle qui se démarque par ses personnages à la fois hauts en couleur et terriblement moyens (Guy est un peu comme Emmet dans « La Grande Aventure Lego », ce n’est en aucun cas l’archétype de l’adolescent-ordinaire-pourtant-élu-pour-sauver-le-monde, c’est juste… un mec normal), qui traite du sujet de l’intelligence artificielle et des mondes virtuels avec originalité, sans jamais tomber dans des clichés qui rendraient le tout superficiel.
Free Guy
USA – 2021
Comédie, Action
Réalisateur : Shawn Levy
Casting : Ryan Reynolds, Jodie Comer, Lil Rel Howery, Utkarsh Ambudtkar, Joe Keery, Taika Waititi
20th Century Studios
Le 11.08.2021 au cinéma