Issu de la série Universal Monsters, Frankenstein (1931) ressort en version restaurée dans une magnifique collection Bluray où il côtoie notamment Le Fantôme de l’Opéra, L’Homme Invisible ou encore La Momie.
Figure emblématique du cinéma de monstre, victime d’innombrables remakes, pour le pire et pour le meilleur, la créature de Frankenstein représente à elle seule tout un pan du cinéma d’horreur. Mais reste-t-il encore une place, plus de 80 ans après sa sortie, pour le film qui popularisa la créature ?
Laissons de côté la portée symbolique du récit, maintes et maintes fois analysée et commune à presque toutes les œuvres mettant en scène Frankenstein et son monstre, pour se concentrer sur les valeurs propres à ce film de 1931. Dès l’ouverture, un acteur s’adressant au spectateur nous indique qu’il faut avoir les nerfs solides pour visionner le film et qu’il est encore temps de changer d’avis. La pertinence de cette intervention n’a, pour faire dans l’euphémisme, plus grande utilité de nos jours. Le film n’inspirera de toute évidence plus de frayeur à un spectateur d’aujourd’hui.
En revanche, là où le Frankenstein conserve toute sa puissance, c’est lorsque qu’il donne le champ libre à l’image. Puisant allégrement dans l’abstraction et la démesure géométrique de l’expressionnisme allemand, le film réduit les noirs et blancs de ses décors en de multiples briques, dessinant du même coup les fêlures de l’esprit du Dr. Frankenstein. D’une sordide machinerie, d’un cortège de flambeaux ou de quelques fleurs jetées sur un lac, James Whale parvient à tirer un lyrisme glaçant, à mi-chemin entre beauté et violence qui vient noircir chaque séquence jusqu’à la saturation.
La narration du film tient donc uniquement comme support au monstre et à l’étrangeté de son univers. Des 70 minutes du film, on ne retiendra pas l’intrigue, connue et expédiée sans aucune longueur (et c’est regrettable vu le potentiel contemplatif du long-métrage), mais bien les roches acérées et agressives du décor, les déplacements fantomatiques de la créature et la blancheur du personnage féminin. De Frankenstein, on ne retiendra plus uniquement les quelques répliques cultes (« It’s alive, alive ! ») ou le visage maquillé de Boris Karloff mais bien la force esthétique des plans qui a, à n’en pas douter, influencé toute une génération de cinéastes de genre.
Mentionnons également la qualité des Bluray de cette collection, qui, en plus de proposer une image de qualité extraordinaire, est étoffée de nombreux bonus, interviews et documentaires.
Frankenstein
De James Whale
Avec Colin Clive, Mae Clarke, Boris Karloff
Monster Collection Universal