En ce dernier jour des 20 ans du « Festival du Film Français d’Helvétie », je profitai de découvrir 2 longs-métrages très différents et réussis. L’un tourné proche de la Suisse, dans le Jura français. L’autre axé sur la belle musique, mais aussi des complications imprévues au niveau de la santé…
« Vingt Dieux » : Totone, si souvent nommé ainsi qu’il en oublie son vrai prénom soit Anthony, a 18 ans. Il passe sa vie dans les fêtes à fumer et à boire, mais parle à peine à son père et remarque tout juste sa petite sœur. Toutefois, une grave et inattendue complication familiale bouleversera sa vie à jamais. Afin de subvenir aux besoins de sa famille, il va décider de créer son propre fromage de la Franche-Comté. Le jeune homme espère ainsi gagner la médaille d’or du concours agricole et obtenir 30’000 Euros. Les imprévus seront cependant nombreux. Néanmoins et grâce à son acharnement, l’aide de ses dévoués potes et la sensibilité de sa sœur, la petite bande arrivera finalement, à fabriquer quelque chose…
Tourné entièrement dans le Jura français, la 1er réalisation de la polyvalente cinéaste helvético-française Louise Courvoisie, immerge rapidement le public au sein d’un univers agricole, humain et (r) empli de complexités touchantes et parfois déstabilisantes.
Cette petite pépite cinématographique s’avère également originale grâce notamment, aux comédiens-iennes qui n’avaient jamais participé à un tournage. D’ailleurs, la plupart d’entre eux-elles refusèrent d’abord, de s’engager au projet pensant à une certaine inutilité et perte de temps.
Mais grâce à l’honnête pouvoir de persuasion de la metteuse en scène susmentionnée, tout le monde finit par accepter d’être filmé-e-s et de participer à l’histoire à différents degrés. Et en fin de compte, chacun-e eut du plaisir à participer à « Vingt Dieux ».
Très terre-à-terre et sans une once d’introspection, « Vingt Dieux » ne s’adresse pas forcément à un large public. Les plus jeunes ne comprendront pas le sens du récit et il se peut également que son côté brut, ne plaise pas à tout le monde. Il est cependant intéressant de le découvrir, en décembre prochain, simplement par exemple, pour comprendre l’incroyable fabrication du fromage artisanal.
« Prodigieuses » : Depuis leur jeune âge, les sœurs jumelles Vallois sont douées dans un domaine musical bien précis, le piano. Leur force ? Jouer les 2, tel un binôme vivant comme 2 mains (au lieu de 4). A 18 ans et grâce aux cours intensifs de leur père, elles entrent à l’université de Karlsruhe, en Allemagne. Malgré les difficultés estudiantines, les jeunes femmes se sentent propulsées et plus vivantes que jamais. Malheureusement et suite à un léger accident, une maladie orpheline est décelée dans les mains de l’une des jumelles. Sa sœur continuant du mieux possible la faculté, sentira aussi soudainement d’étranges tensions à la même place. Tout s’arrête donc brutalement chez les Vallois. D’abord totalement abattues, elles vont finalement sentir un moyen unique de développer autrement leur passion et savoirs.
Basée sur la véritable histoire des jumelles Pleynet, dont le nom de famille a été modifié au sein de la production, leur histoire s’avère peu modifiée entre la réalité et la fiction. Car les metteurs en scène et réalisateurs Frédéric et Valentin Potier, père et fils dans la vie quotidienne, respectèrent le choix des 2 femmes, soit de rares modifications.
En tête d’affiche de « Prodigieuses », Camille Razat (« Les Choses humaines ») et Mélanie Robert (« Un Si Grand Soleil ») qui jouent avec une incroyable synchronicité les sœurs « Vallois ». Ce grâce notamment, à leur excellente entente instinctive pendant le tournage. Les spectateurs-trices percevront rapidement leur complicité et leur talent tout au long du récit.
À leurs côtés, Isabelle Carré (« Et plus si affinités ») et Franck Dubosc (« Nouveau Départ ») qui incarnent les parents. Avec toutes les imperfections et souhaits parentaux, le duo joue très bien leur rôle lié à l’histoire de « Prodigieuses ».
Si ce biopic dramatique donne une impression de déjà-vu par rapport à de telles adaptations, il devient plus intéressant à partir du milieu de la trame, suite à la maladie détectée. Car le désir des jumelles de trouver une solution, immerge davantage les spectateurs-trices par rapport au reste de la trame. « Prodigieuses » s’adresse à un large public, divertit et est assez efficace jusqu’à sa fin.