En ce 2ème jour, mon premier coup de cœur est sans nul doute « Funan » qui exprime le combat d’une famille au Cambodge durant la période des Khmers rouges. Cette animation est à la fois touchante, horrible et remplie d’espoir.
Au milieu des années 70, une famille cambodgienne, relativement aisée voit sa vie être totalement chamboulée suite à une violente et soudaine révolution : celles des communistes radicaux plus connus en Europe comme les Khmers rouges. À partir de ce moment-là, un retournement radical se fit pour ces gens qui vivaient dans le capitalisme. Au point que leur vie se transformèrent en survie.
Si la signification du titre animé « Funan » reste plutôt mystérieuse en français, il est dans son pays d’origine (donc le Cambodge) important et historique. En fait, le terme se rapporte à un très ancien, puissant et riche empire asiatique. Une fois cette relation comprise, la réalisation du jeune et prometteur Denis Do (« Zombillénium ») prend davantage de sens, car les Khmers rouges étaient également devenus puissants. À savoir que le projet du jeune cinéaste dura plus d’une dizaine d’années jusqu’à sa finalisation en 2018 et sa diffusion prévue pour début 2019, en tout cas en France. En outre, sa trame reste très personnelle parce qu’elle se base sur le parcours de la (sur) vie d’un des membres de sa famille proche.
Les premiers instants de « Funan » représentent la joie, l’amour et les moments heureux en famille. Toutefois, le ton change drastiquement quelques instants plus tard. Au fur et à mesure de l’immersion des spectateurs-trices dans le récit, celui-ci devient cruel et inhumain. En effet, chaque survivant fait de son mieux pour demeurer en vie, quitte à changer d’idéaux politiques ou à trahir ses proches. Le sentiment de solidarité fréquemment ressenti dans la fiction peut s’avérer tout autant magnifique que fatidique. Ces changements se constatent et s’opèrent tant auprès des femmes que des hommes, car finalement, l’instinct de survie prime sur énormément de facteurs.
Malgré l’horreur (re) produite, « Funan » est aussi doté d’une poésie insoupçonnée, notamment grâce aux instincts maternels venant de la mère de la famille mentionnée dans mon résumé. Les créations numériques telles que les paysages, les animaux et les décors ajoutent aussi un charme indéniable lié à l’animation.
L’efficacité de cette dernière se doit également au casting français vocal, que se soit au niveau des personnages principaux et secondaires. À l’exemple de Bérénice Béjo (« L’Extraordinaire voyage du Fakir ») et de Louis Garrel (« Le Redoutable ») qui transcendent oralement « Funan » au travers de leur travail et performance.
Dans cette mise en scène, étonnamment, même les petits détails ne s’oublient pas. Peut-être est-ce parce qu’instinctivement, le public souhaite se protéger de la cruauté commise de part et d’autre. Quoiqu’il en soit, le réalisme de cette fiction donne un sentiment plutôt paradoxal, néanmoins logique. Tout d’abord, parce que le cinéaste français retrace une infime partie d’aspects historiques s’oubliant avec le temps sur le Vieux Continent. Mais surtout, il s’est intéressé à des personnes obligées de se plier à une dictature et à des modes de pensées qui n’étaient pas les leur. De plus, son long-métrage animé interpelle et remet en question certaines valeurs de la société actuelle. En fait, il est important de se demander après la séance : jusqu’où irons-nous pour survivre en cas de guerre ? La réponse ne se situe en tout cas pas dans « Funan », car à ce niveau, l’histoire reste très objective.
Toujours est-il que « Funan » ne ressemble pas à un film de guerre avec des explosions et fusillades à chaque séquence. Malgré tout, l’œuvre cinématographique s’adresse à un public sensible et capable de comprendre de telles atrocités et déchirements. Il ne s’adresse pas aux jeunes enfants notamment à cause de la violence et de certains faits pouvant être incompris. Quant aux spectateurs-trices appréciant les animations des grands majors américaines, il est préférable aussi d’éviter la fiction.
En définitive, la mise en scène de Dennis Do demeure très intelligente et choquante. Tout en expliquant parallèlement, qu’il est possible de rester en vie avec de la détermination et de la discrétion et un destin différent… ou de la chance.