En plus d’être drôle, sympathique et émouvant, ce nouveau film d’animation de la «Fox» en version 3D aborde aussi un sujet d’actualité : L‘avenir des corridas en Espagne. Carlos Saldanha réussit à critiquer la tradition hispanique, sans en rajouter.
Le paquet de mouchoirs est indispensable lorsqu’on va visionner Ferdinand. Ce superbe film d’animation est pour toute la famille. Prenez donc le Maxi-Pack, avec vous…
Ferdinand est un jeune Taureau qui vit enfermé dans un ranch du Sud de l’Espagne. À son âge, il ne se rend pas encore compte de la mort horrible qui l’attend. Très doux et passionné par les fleurs, il se chamaille régulièrement avec ses camarades, Valiante, Bones et Angus. Contrairement aux autres, il ne rêve pas de devenir un champion et d’être un jour la star de l’arène. Son bonheur à lui c‘est d’être libre et de pouvoir gambader dans la nature. Lorsqu’il apprend la mort de son père, le jeune taureau décide de se faire la belle et arrive miraculeusement à échapper à son destin. Il fait ainsi la connaissance de Nina une gentille fille qui va l’aimer comme il se doit. Malheureusement, notre héros maladroit fait une grave erreur et se retrouve à nouveau chez ses bourreaux. Il n’a à présent plus le choix, il va devoir se battre pour survivre…
Les Créateurs de «Rio» et «l‘âge de glace» ont à nouveau visé juste. Ils critiquent avec la tradition séculaire de la Corrida, mais réussissent par un tour de passe-passe assez incroyable à ne pas se prendre les «Aficionados» à dos. La recette paraît simple, on parle du sujet avec délicatesse, en mettant en avant les caractères et les maladresses des animaux pour les rendre très attachants au public. Comme dans chaque dessin animé du genre, on y met quelques personnages maléfiques, mais pas trop, de manière à ne pas effrayer les enfants. Le cadre lui est superbe. Même en virtuel, les producteurs ont réussi à nous offrir des paysages exceptionnels. Les rues de Madrid sont hyper réalistes. On y reconnaît même certains monuments et quartiers touristiques. Pareil pour la péninsule hispanique qui est elle aussi bien mise en valeur. Dans ce cas précis, la 3D souvent critiquée, est indispensable pour profiter au maximum des magnifiques images proposées.
Ne croyez pas que ce dessin-animé est déprimant. On rigole même beaucoup en le visionnant. Les personnages sont maladroits et originaux. La palme en revient à Angus. Un «Highland» écossais qui a un accent incroyable en version originale. Ce quadrupède imposant est reconnaissable à sa chevelure rousse qui lui tombe sur les yeux. Ce personnage est donc parfait pour mettre une bonne ambiance dans le film et les gags sur son apparence se succèdent. Très divertissant aussi, le trio des «Un, Dos…Cuatro» se joint à la troupe. Ces petites bestioles tiennent le rôle habituel des trois comiques de service qu’on trouve dans tous les bons cartoons qui se respectent.
Un petit taureau qui préfère les fleurs aux «muletas», le grand air de la prairie au sable de l’arène et la liberté aux corridas, mais qui se voit arraché à son village d’origine pour aller affronter des matadors… Si le scénario du nouveau long métrage des «Studios Blue Sky» vous dit quelque chose, c’est soit que vous êtes un inconditionnel des cartoons Disney ou que vous avez une excellente mémoire.
Avant d’intéresser les créateurs au point qu’ils y consacrent leur tout nouveau projet, l’histoire de «Ferdinand» était un conte pour enfants écrit en 1936, par Muno Leaf et déjà adapté par les studios Disney à cette période-là. D’une durée approximative de huit minutes, le court métrage «Ferdinand le taureau» est signé par des animateurs de légende, parmi lesquels Ward Kimball, le créateur de Jiminy Criquet dans «Pinocchio» et du chat de Cheshire dans «Alice au pays des merveilles». Le mini-dessin animé est sorti à une époque où tous les projecteurs étaient braqués sur Disney, un an après la sortie de «Blanche Neige et les 7 nains» leur premier long-métrage d’animation. Le court-métrage reste surtout dans les mémoires pour sa technique de grande qualité et pour ses valeurs anticonformistes. Ce premier «Ferdinand» a remporté l’Oscar du meilleur court métrage animé en 1939.
Doté d’une bande son exceptionnelle, qui est un joli mix de tous les genres musicaux actuels, cette réalisation ne sombre jamais dans la critique agressive ou politique.
Nous prenons bien évidemment parti pour les animaux et regrettons le sort qui leur est prévu. Les têtes naïves et marrantes des quadrupèdes aux grands yeux ne font qu’accentuer notre tristesse et notre soutien.
Le toréador «Number One» est un personnage assez emblématique, malgré son regard assassin, il a lui, aussi quelque chose d’humain. Par moments, on comprend ses motivations ainsi que celles du propriétaire du ranch. Mais le résultat est sans équivoque…Il faut bien reconnaître que la Corrida n’est pas seulement un échappatoire à l’abattoir pour ces bêtes, c’est avant tout une mise à mort publique, mais ça on ne le voit pas dans le dessin animé…bien heureusement d’ailleurs !
Ferdinand (Blue Sky)
USA – 2017 – Animation
Réalisateur: Carlos Saldanha
Acteur: Gabriel Iglesias
© Twentieth Century Fox Film Corporation. All Rights Reserved.
20.12.2017 au cinéma
Je dois avouer que c’est une des réalisations qui m’ont le plus marqué l’année dernière