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mardi, mars 11, 2025
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« Eric Serra : L’intelligence artificielle ne remplacera jamais l’humain »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Également pendant la 8e édition des « Rencontres du 7e Art » à Lausanne, nous eûmes le privilège de rencontrer le compositeur Français Éric Serra. Nous apprîmes son avis sur l’intelligence artificielle et comment se déroula son concert avec son groupe à Lausanne pendant le festival.


Cela fait à présent une quarantaine d’années que vous êtes devenu un compositeur dans le milieu cinématographique. Quel fut votre projet musical le plus vite écrit, composé et pourquoi ? Ce fut clairement un téléfilm de Pierre Grimblat. C’était une série noire qu’il avait créée et dirigée pour une chaîne télévisée française. Chaque épisode était géré par différents metteurs en scène. Un jour, Pierre Grimblat m’appela pour faire la bande-originale de la série. Mais, il me précisa que je devais livrer ma composition sous 12 jours (rire). Le défi me paraissait tellement impossible, que j’ai accepté par curiosité et pour savoir si j’arriverais à le relever en si peu de temps. J’ai réussi, même si ce n’était peut-être pas ma meilleure création. Et il en fut très content.

Toutes ces années après, comment percevez-vous la musique au cinéma et qu’espérez-vous dans votre futur ? Je n’ai pas vraiment de perceptions globales parce qu’en toute honnêteté et avec un peu de honte, je ne vais pas souvent au cinéma. En plus, je ne fais pas très attention aux bandes-originales et je regarde davantage le film. La seule fois où je suis plus attentif, c’est quand la musique me dérange. Elle va alors m’interpeller et un peu me remettre en question. Pour le futur, j’espère pouvoir continuer à composer et à faire des concerts jusqu’à la fin de mes jours car c’est ce que j’aime le plus. Chaque nouvelle création est une autre aventure qui me passionne.

Vous êtes certainement au courant des nouveautés créées par l’intelligence artificielle. Musicalement, que craignez-vous et en avez-vous déjà été impacté ? Ça ne me fait pas peur du tout. Je trouve ça ridicule les gens qui sont terrorisés par l’i. a. (intelligence artificielle). Ce sont ceux qui craignent le progrès et les changements. A chaque invention révolutionnaire, comme l’informatique, les gens surréagissaient. L’i.a. quoiqu’il arrive, ne remplacera jamais l’être humain. Me concernant, j’ai l’esprit tranquille. Peut-être qu’à 20 ans je réagirais différemment, mais ce n’est pas le cas. Je pense que le public reconnaît mon style musical et je ne pense pas que cette technologie puisse me remplacer ou me copier. La plupart des gens avec leur sensibilité musicale, entendront les différences. Comme tout ceci m’intrigue, j’ai déjà écouté des morceaux créés ainsi. Effectivement, c’est bluffant et bien fait. Néanmoins, j’ai clairement entendu que ce n’est pas humain.

Néanmoins, je pense que l’intelligence artificielle devrait être exclusivement réservée aux applications « utiles ». Qu’elle ne serve pas juste à gagner de l’argent. En ce moment et par rapport à « Spotify », un scandale a éclaté. Une journaliste Américaine a apparemment enquêté sur la marque. Il semblerait qu’ils pourraient inclure dans leurs playlists, des morceaux créés par l’intelligence artificielle et que cela ne s’apercevrait pas. Du coup, ces morceaux resteraient sans droits. Et c’est là qu’est le scandale et où je suis d’accord avec ce problème.

Par exemple, dans l’hôtel où nous sommes (le Beaurivage à Lausanne), on entend la musique de fond, même si personne n’y fait vraiment attention. L’hôtel doit en payer des droits d’auteurs car la Direction diffuse la musique pour les gens sur place. Si on remplace ces titres fait par de l’i.a., personne ne s’en rendra compte. Mais le mal serait fait car cette possibilité, permettrait à l’hôtel de ne plus payer de droits d’auteur-e-s. Or si on ne paie plus les artistes, ils-elles vont disparaître. Et l’art reste toujours important, c’est bien plus que du divertissement, ça fait du bien et cela reste essentiel. A ce niveau-là, le danger est présent.

Vous êtes membre et fondateur du « RXRA Group ». Comment s’est-il fondé et quel fut votre concert le plus harmonieux avec le public ? j’avais monté ce groupe, éphémère à la base, comme cadeau de mariage pour Luc Besson. J’étais son témoin, mais je ne savais pas trop quoi lui offrir. J’ai finalement eu cette idée car je connais bien ses goûts musicaux. J’avais donc décidé de monter ce groupe pour lui jouer des titres rarement entendus. Durant ce soir-là, nous avons eu un franc succès et on s’était beaucoup amusés. On a donc décidé de continuer et il existe donc, depuis 20 ans.

J’ai la chance que nos concerts se soient toujours extrêmement bien passés. Les gens sont supers contents à chaque fois. Mais j’avoue que le concert d’hier soir (vendredi 8 mars 20205 aux « Docks » dans le cadre du festival) à Lausanne, j’étais impressionné par la qualité du public. Extrêmement chaleureux et expressif. C’était très agréable pour nous et ça nous a fait vraiment plaisir.

Que feriez-vous si « Netflix Suisse » vous engageait pour composer la bande-originale de la toute dernière grosse production helvétique. Mais, vous devez vous installer à Lausanne et incorporer le cor des alpes. Si je dois m’installer à Lausanne et que mon logement est inclus, je signe tout de suite car la vue est sublime sur le lac et les montagnes. Incorporer le cor des alpes, c’est sans problème. J’adore toujours ajouter des instruments locaux et cela sera très amusant à faire (rire).

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