Production de genre franco-canadienne inédite en salles (helvétiques), « Enragés » est une bonne surprise qui se distingue notamment par sa belle facture visuelle et son excellente bande originale.
« Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être », l’accroche du premier long-métrage d’Éric Hannezo peut également s’appliquer au cinéma français. En effet, l’industrie cinématographique tricolore, majoritairement composée de comédies populaires calibrées pour le petit écran et de drames auteurisants tout autant formatés, recèle parfois de productions (de genre) audacieuses à l’image d’« Enragés ». Cette relecture libre de « Cani arrabbiati » / « Rabid Dogs » (1974), thriller méconnu du « maestro » Mario Bava, sort dans une édition DVD Wild Side soignée contenant pour seul complément un long making of. « Enragés » narre la fuite, après un braquage meurtrier, de quatre criminels ayant pris en otage une jeune femme, un père et sa fille gravement malade. Le générique d’ouverture donne immédiatement le ton et synthétise les atouts majeurs du premier film d’Hannezo : la photographie léchée et variée de Kamal Derkaoui et l’excellente bande originale du compositeur Laurent Eyquem, fortement influencée par Carpenter.
Ce remake de « Rabid Dogs » ne se limite pas à une simple relecture rendant hommage au cinéma d’exploitation italien. La structure narrative, développée par Yannick Dahan (critique et coréalisateur de « La Horde ») et Benjamin Rataud, permet d’aborder de nombreuses facettes du cinéma de genre : braquage, action et road movie. Le résultat se traduit à l’écran par une première bobine (20 premières minutes) diablement efficace. La suite souffre naturellement d’une baisse de rythme mais également de certains passages prévisibles et surtout répétitifs, situés principalement dans la partie centrale du film. Entouré d’une équipe technique et artistique solide, Éric Hannezo livre une mise en scène travaillée et énergique. Cette première réalisation se démarque également par son casting éclectique regroupant notamment le très prometteur Guillaume Gouix (« La French »), un surprenant Lambert Wilson (« Matrix Reloaded ») et la trop rare Virginie Ledoyen (« La Plage »), dont le personnage n’est malheureusement pas assez développé. Malgré ses quelques défauts scénaristiques, « Enragés » s’inscrit comme l’une des rares tentatives francophones de genre réussies qui mérite assurément de s’y intéresser.
Enragés
D’Éric Hannezo
Avec François Arnaud, Virginie Ledoyen
Dinifan