« Enemy » est-il un film d’Alfred Hitchcock? Non? Sa musique, elle, l’est pourtant. C’est même à se demander si Bensi et Jurriaans n’auraient pas ressorti des partitions de Bernard Herrmann pour y trouver l’inspiration. Mais qui les en blâmerait ? Majoritairement rythmées par des violons, les notes varient donc entre graves grinçantes et aiguës stridentes. La flûte traversière, les cuivres et les lourdes percussions viennent rapidement les rejoindre et aident à créer une dimension d’irréalité. Petit à petit, une atmosphère s’installe. Quelque chose d’oppressant, de très oppressant, prend place et c’est peut-être là que le talent des compositeurs opère et écarte leur musique des compositions plus classiques. L’utilisation non-orthodoxe de certains instruments y est clairement pour quelque chose et s’échine à créer un inconfort inconscient et dérangeant. Même si le fantôme d’Herrmann n’est pas loin, Bensi et Jurrians arrivent donc à tirer leur épingle du jeu en créant une musique gênante et obscure aux quelques éclaircies cinglantes.
Enemy
Danny Bensi et Saunder Jurriaans
Milan Records