Dis-lui merde à « Dealer » ! Première paire de fesses après 2 minutes, première paire de seins après 4 minutes et première actrice nue après 5 minutes. Bienvenue dans le cinéma d’auteur français actuel !
« Dealer » n’ayant pas fait dans la dentelle, cette critique va rendre hommage au style bien cru et direct proposé par son réalisateur. Jean-Luc Herbulot nous matraque la tête avec son premier long métrage qui, comme son nom l’indique, parlera d’un dealer… Et de putes… Et aussi de règlements de comptes… Ah oui et de rédemption (un peu).
Après une vie passée dans le trafic de cocaïne, Dan s’est promis de ne plus retomber là-dedans. Se voyant offrir un dernier deal qui lui permettrait de réaliser son rêve d’enfance, il accepte la proposition. Commence alors une longue descente aux enfers qui le replonge dans ce milieu impitoyable qu’est le monde de la drogue. Se faisant avoir par ses collaborateurs, Dan va devoir trouver la somme de 70’000 euros en quelques heures sous peine de voir sa famille se faire tuer.
Grand innovateur, Jean-Luc Herbulot, également scénariste du film, nous livre une histoire originale, interprétée par des acteurs de talent dont il filme les aventures avec une minutie digne de Stanley Kubrick. Vous y avez cru ? Pourtant c’est ce genre de critiques qu’on peut lire sur internet !
« Dealer » est un film sans fond, sans consistance, interprété par des gens visiblement imperméables à la critique et filmé par un caméraman clairement pris de violentes douleurs intestinales, créant ainsi un mouvement saccadé de la caméra et donnant naissance à une grosse diarrhée visuelle. Effectivement, cela peut être très glorieux de vouloir faire jouer ses amis, et dieu sait que j’espère que ce sont ses amis et pas le résultat d’un casting, mais il faut penser à la santé mentale des spectateurs. On ne peut tout simplement pas proposer ce genre d’interprétation en toute impunité ! La faute en incombe à plusieurs personnes mais, la personne qu’on est en droit de charger le plus reste le metteur en scène car il n’aura pas su tirer quelque chose de potable de ses « acteurs ».
De plus, clairement en manque d’originalité sur le fond, Jean-Luc Herbulot aurait dû nous offrir une réalisation absolument parfaite. Au lieu de cela, il se contente du strict minimum, tentant malgré tout certaines choses comme de filmer UNE scène en noir et blanc tout en laissant le pull rouge du protagoniste dans sa couleur originale (un grand merci à Spielberg qui avait fait de même dans « La Liste de Schindler ») ou faire un montage cut d’allumage de cigarette, à la façon de l’excellent Edgar Wright ; succession de plans dont il est visiblement très fier car il le réutilise en veux-tu en voilà tout au long de cet interminable film.
La qualité visuelle est d’ailleurs complètement aléatoire suivant les scènes car, petit détail en plus, trois directeurs de la photographie se sont succédé sur le plateau de tournage. Au pifomètre je dirais qu’un tiers a du talent et les deux autres tiers beaucoup moins. Cette moyenne baisse, cependant, grandement quand on prend en compte tous les départements de la production de « Dealer ».
En outre, pour justifier son statut de film d’action, quoique catalogué comme une comédie dramatique sur Wikipedia (et non sur IMDB ou Allociné), Jean-Luc Herbulot s’est dit qu’il fallait faire valdinguer sa caméra dans tous les sens pour créer du rythme et la sensation de perte de contrôle ! Dans les deux cas il aura réussi son coup : le rythme est plutôt soutenu. Malgré tout, même si le film dure 75 minutes on arrive quand même à prier pour que la torture finisse le plus vite possible.
Concernant la perte de contrôle, Jean-Luc Herbulot nous montre, sur ce film, que le contrôle n’est visiblement pas son fort. Evitant un maximum de devoir jouer de précision pour ses plans en utilisant des outils simples tels qu’un trépied et préférant visiblement remplacer le rail de traveling par le rail de coke, le réalisateur cache son manque d’expérience en proposant un film plus proche d’un documentaire que d’une vraie fiction.
Visiblement basé sur la vie des acteurs, car beaucoup d’entre eux partagent le même prénom que leur personnage, il aurait peut-être été plus sage de leur demander de faire une introspection et se demander si leur vie allait vraiment nous intéresser. A la limite, si la copine prostituée de Dan avait été en réalité Keyser Söze ça aurait valu la peine de prendre le temps de nous raconter cette histoire, mais là non, on s’arrête à la base de ce qu’un film sur un dealer peut proposer.
La cerise sur le gâteau reste cette voix-off qui nous explique les émotions des personnages, leurs motivations et donc participe activement à ce qu’on arrive à déchiffrer ces personnages absolument plats qu’un enfant de dix ans aurait réussi à comprendre comme un grand.
En conclusion « Dealer » est le fruit de la démocratisation des outils cinématographiques, qui propulse des cinéastes pas encore prêts sur le devant de la scène. Un point malgré tout car on ne peut pas reprocher aux gens de tenter de faire des films.
Dealer
De Jean-Luc Herbulot
Avec Dan Bronchinson, Salem Kali, Elsa Madeleine
Praesens-Film