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dimanche, novembre 24, 2024
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Cynthia Madanat Shraid: « Nous souhaitions donner une voix aux enfants qui souffrent, tout en parlant et gardant l’espoir »

Laurent Billeter
Laurent Billeter
Le 7ème Art, pour moi c'est tout une histoire, Plus qu'une passion, qu'une grande occupation, D'Hollywood à Bollywood, De Michael Bay à Jean Marais, Je me complais dans ce milieu fabuleux.

Peu présent au « Festival international du film d’animation d’Annecy » cette année, j’eus quand même la chance d’interviewer en ligne, la réalisatrice Jordanienne susmentionnée. Elle expliqua notamment, comment l’idée de leur animation naquit.


En quelques mots, quelle est l’histoire de « Saleem » ?
Celle d’un mignon petit garçon qui vit avec sa maman, son frère et ses sœurs, suite à la disparition tragique de son papa. Renfermé depuis, il va faire une incroyable découverte et vivre un voyage inoubliable grâce à la carte au trésor trouvée dans un vieux coffre. De là, il va finalement se faire de nouveaux ami-e-s, rouvrir des souvenirs enfouis et lentement mais sûrement, se retrouver. « Saleem » est une histoire mystique et moderne.

Moderne à quel point ?
Car nous ne voyons aucun objets connectés ou très récents. C’est une histoire moderne, mais pas de ces dernières années. Plutôt celles des années 80-90 et cela ressemble davantage aux périodes de mon enfance.

« Saleem » est votre 1er long-métrage animé. Comment est né ce projet ?
Même si notre pays la Jordanie n’a pas de conflits, nous nous sommes basés sur le vécu de certains réfugiés. En 2017, nous avions fait un épisode sur notre chaîne « Youtube » qui parlait d’une petite fille abusée sexuellement. Tout en se basant sur ce fait réel horrible, nous voulions aussi montrer comment s’en protéger et expliquer à quel point les enfants en sont impactés. « Saleem » parle aussi des traumas des enfants et nous souhaitons donner une voix à ceux qui souffrent, tout en parlant et gardant l’espoir.

A quel point était-ce compliqué de lever les fonds afin de concrétiser votre animation ?
C’était un vrai défi, d’autant plus que nous-même avions beaucoup investi car nous croyons tellement en son histoire. Mais heureusement, nous n’étions pas les seuls. Différents autres fonds nous ont soutenu. Venant d’investisseurs privés, d’organisations caritatives pour les enfants et également d’autres participants très actifs dans l’art et la culture jordaniens.

Comment avez-vous choisi les actrices-teurs de doublage et était-ce compliqué avec les enfants ?
C’était un peu délicat et compliqué parce que l’animation n’est pas un grand marché dans notre pays. Nous voulions surtout de nouvelles voix, de nouveaux talents. En fait, beaucoup n’avaient jamais participé à un tel projet avant. Pour les personnages adultes cependant, nous avions engagé des comédiennes-iens ayant déjà de l’expérience, comme Dolly Dib qui joue « Mlle Amal » et a aussi produit « Saleem ». Ce fut aussi un vrai défi à cause de la Covid. En plus de cela et durant nos 4 ans de tournage, l’un des enfants a changé de voix en grandissant, elle a mûrit (rire). Nous avions donc dû essayer de la stabiliser au mieux.

« Saleem » rencontre 2 jeunes femmes importantes dans sa nouvelle vie, « Mlle Amal » et « Zaina ». Sans trop en dévoiler, qui sont-elles ?
« Mlle Amal » est la conseillère de l’école où est « Saleem », est très empathique et énergique. Elle cerne vite les enfants émotionnellement, mentalement et elle aime les défis. Elle n’est pas une conseillère traditionnelle et sort souvent des voies habituelles pour les aider. Mais, elle a également son passé… Ce qui fait qu’aider les autres, l’aide parfois aussi.

Quant à « Zaina », elle est toujours joyeuse, active et joue souvent au football. Elle est empathique, aventurière dans l’âme et n’a pas peur de l’inconnu. D’instinct, elle fera assez vite confiance à « Saleem ». Physiquement, nous voulions la rendre plus atypique avec ses cheveux roux et ses taches de rousseur. Car en Jordanie, toutes les femmes ne sont pas brunes ou noiraudes.

Quel fut le plan le plus facile à scénariser et dessiner ?
C’était la 1ère fois que nous étions autant impliqués dans la production d’un long-métrage (animé). L’une des choses les plus faciles, fut nos séances de brainstorming avec les scénaristes et producteurs. C’était une bonne collaboration et nous avions assez vite déterminé comment seraient les personnages physiquement et visuellement, grâce aux story-boards. Nous avions décidé de prendre notre temps, afin d’assurer un rendu de bonne qualité, même si nous devions apporter quelques modifications à l’histoire ou aux visuels des personnages. Mais le plus incroyable, est que beaucoup de nos artistes nous aidaient depuis l’étranger. Virtuellement, nous étions presque une centaine à travailler sur « Saleem ». Ce fut une incroyable et géniale organisation à préparer.

Que signifie la présence de l’oiseau pour vous ?
Je pense que le pigeon signifie différentes choses pour différentes personnes. Tout dépend de son origine. Nous voulions faire un symbole d’espoir, de réconfort qui apporte des conseils et dont chacun a besoin au moins une fois dans sa vie. Le pigeon représente aussi pour moi, une aide spirituelle, voire surnaturelle par rapport à Dieu, à l’Univers ou à toutes autres divinités liées aux croyances humaines.

« Saleem » est présenté dans la section « Contrechamps » au « Festival international du film d’animation d’Annecy ».
Qu’est-ce que cela signifie pour vous et qu’en ressentez-vous ? C’est une incroyable surprise pour nous. Nous sommes très heureux que « Saleem » soit si apprécié et qu’il ait été choisi dans cette section, surtout avec son côté tragique. Sincèrement, c’est un honneur pour nous d’avoir été sélectionné et d’y aller. Nous sommes aussi heureux d’être l’une des voix entendues, parmi toutes celles des enfants dans le monde, restant trop silencieuses. C’est un festival très important dans le milieu de l’animation, et le fait que le public voit certaines souffrances des enfants, reste important. Et sait-on jamais, peut-être gagnerons-nous un prix !

Quels sont vos prochains projets ?
Je crois que je peux déjà en parler… Nous pensons faire un spin-off sur « Saleem ». Nous réfléchissons déjà beaucoup à une histoire basée sur l’un des personnages comme « Zaina », « Mlle Amal » ou quelqu’un d’autre. Nous avons aussi beaucoup d’autres idées pour de nouveaux courts-métrages. Mais sans liens avec « Saleem ».

Saleem
Jordanie – 2023
Durée: 1h30 min
Famille, Aventure, Animation
Réalisatrice: Cynthia Madanat Sharaiha
Avec les voix de: Osama Harhashi, Sala Sharaiha, Dawood Afishaat, Laith Naqawah, Dolly Dib
Distribution : Je suis un film, Bahaa Elgamal
Prochainement au cinéma

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