Du beau cinéma d’auteur…
1993, après le siège de Dubrovnik, une amitié nouvelle se noue entre deux jeunes filles aux trajectoires très différentes. Linda débarque de Suisse avec son père médecin tandis qu’Eta vient d’une famille marquée par la guerre. Un jour, sur les falaises surplombant la mer, Eta et Linda se livrent à un jeu d’échange d’identité, mêlé de tensions. Le jeu dégénère, Eta tombe. Linda, revenue seule, rongée par sa culpabilité que personne ne veut entendre, se rapproche de la famille de son amie et y prend la place d’Eta.
« Cure – la vie d’une autre » est un film dérangeant. Avec une lecture possible à différents niveaux, il nous offre un questionnement sur la notion d’identité, au moment où celle-ci est la plus troublée. C’est tout d’abord l’identité sexuelle d’une jeune fille de 14 ans, celle d’une étrangère devant apprendre à vivre dans un pays qui est le sien mais où elle n’a pas grandi, celle de femmes confrontées à la guerre et à la mort… Rien ne semble être fait par hasard dans ce film a priori assez simple. L’histoire de cette jeune fille prenant l’identité de son amie morte pourrait se dérouler n’importe quand mais ce n’est pas le choix que fait Andrea Staka. En plaçant ses protagonistes en 1993, la réalisatrice en fait un film de guerre, dans un aspect moins voyant que celui du conflit armé mais tout autant présent : celui du traumatisme et de la reconstruction. Elle y retrouve également ses thèmes fétiches, à savoir l’identité féminine et l’exil. Sans fioritures, elle dirige ses acteurs (talentueux !) dans une réalisation sobre, à la mise en scène allant droit au but, faisant cela avec une facilité qui permet au spectateur de simplement se laisser diriger là où elle souhaite le mener. Du beau cinéma d’auteur…
Cure – La vie d’une autre
D’Andrea Staka
Avec Sylvie Marinkovic, Lucia Radulovic
Pathé Films
Sortie le 29/10