Le Festival International du Film de Fribourg (FIFF), qui se tiendra du 18 au 27 mars 2022, dévoile sa section Décryptage : Context culture. Trente des plus éminent·es humoristes suisses ont désigné des comédies qui ne pourraient probablement plus se faire aujourd’hui. Remettre ces films cultes dans leur contexte de sortie, les redécouvrir sous l’angle des valeurs sociétales et juridiques d’aujourd’hui, débattre ensemble : voilà les ambitions du Festival. Sortant décidément des sentiers battus pour sa 36e édition, le FIFF attrape également la manette avec Cutscene et explore sur grand écran la création originale de jeux vidéo suisses entrant en écho avec la programmation 2022. Créé pour le FIFF, Un dernier Film, jeu vidéo qui parcourt une ville de Fribourg post-apocalyptique, est disponible dès à présent sur fiff.ch/cutscene
Le FIFF décrypte la Context culture
Faut-il jeter aux oubliettes les films anciens qui reflètent le sexisme ou le racisme de leur époque ? Le FIFF croit à la pédagogie plutôt qu’à l’effacement. Face à la cancel culture, il propose la Context culture : sans compréhension du passé, pas de futur ; sans mémoire, pas de progrès possible. Thierry Jobin, directeur artistique, explique : « Les festivals sont LE lieu par excellence de l’échange et de la rencontre. Les longs mois de pandémie ont polarisé la société comme jamais : nous avons toutes et tous passé trop de temps à visionner des films en solitaire, avant, pour beaucoup, de nous défouler sur les réseaux sociaux. Tout le contraire de l’art du débat et du plaisir qu’il procure. Cette situation a mené à des actes obscurantistes, même du côté de mouvements qui prônent des valeurs progressistes : livres brûlés au Canada, contes de fées mis au pilori, films écartés… En guise de contrepied, le festival a invité une centaine d’humoristes suisses à désigner des comédies impossibles à produire en 2022 ». Trente ont joué le jeu, dont des personnalités telles que Gardi Hutter, Joseph Gorgoni, Viktor Giacobbo, Claude-Inga Barbey, Yann Lambiel, les deux Vincent (Kucholl et Veillon). Emil Steinberger a même fait au FIFF le cadeau d’inventer des titres de films et leurs slogans. Les dix films les plus cités seront projetés dans la section Décryptage : Context culture.
En complément, le FIFF annonce un débat humoristique inédit dimanche 20 mars : Le grand procès de la comédie – Une justice de parodie. Juge cantonal et humoriste, Marc Boivin présidera un tribunal d’exception devant lequel les dix films sélectionnés seront jugés sous l’angle des principes du droit et de la culture, notamment du blasphème, de l’outrage aux mœurs, de la discrimination ou de l’appropriation culturelle. Il précise : « Le rire est un humanisme grinçant. Transgressif par nature, il se peut qu’il ne soit ni convenable, ni même acceptable. Mais au regard de quoi ? Du droit ? De la morale ? De valeurs religieuses ou politiques ? Ces normes ne cessant d’évoluer, il est intéressant, en ces périodes où l’on juge l’humour sans lui accorder de procès, d’apporter un petit éclairage culturel à des comédies cultes susceptibles d’avoir mieux franchi l’obstacle du temps que celui des générations ». Stéphane Babey, rédacteur en chef du magazine satirique Vigousse, endossera le rôle de procureur et donne le ton avec une boutade :
Décryptage : Context culture
10 votes
• Les Aventures de Rabbi Jacob, Gérard Oury (France, Italie, 1973)
• Les Valseuses, Bertrand Blier (France, 1974)
8 votes
• La Cage aux Folles, Édouard Molinaro (France, Italie, 1978)
7 votes
• Monty Python’s Life of Brian, Terry Jones (Royaume-Uni, 1979)
6 votes
• C’est arrivé près de chez vous, Rémy Belvaux, André Bonzel, Benoît Poelvoorde (Belgique, 1992)
• Le Gendarme et les Gendarmettes, Jean Girault (France, 1982)
5 votes
• Calmos, Bertrand Blier (France, 1976)
• La Grande Bouffe, Marco Ferreri (France, Italie, 1973)
• The Party, Blake Edwards (États-Unis, 1968)
4 votes
• Monty Python’s The Meaning of Life, Terry Jones (Royaume-Uni, 1983)
Du jeu vidéo sur grand écran au FIFF : Cutscene, 19-26 mars
Créé en collaboration avec l’association fribourgeoise Swiss Game Center, Cutscene – ou, dans le jargon, l’interruption du jeu par une scène cinématique – est un programme qui fait la part belle aux créations originales de jeux vidéo suisses. Le public pourra, toute la semaine, passer à l’action sur grand écran. La plupart des jeux vidéo sélectionnés font écho à la thématique post-apocalyptique du FIFF 2022, notamment Mundaun, jeu lucernois lauréat du prix du meilleur jeu de divertissement suisse 2021, une fable horrifique dessinée au crayon. Ninza, un jeu fribourgeois, sera également à l’honneur. Il sera possible de jouer à des jeux vidéo dans la salle ARENA 8 tout en rencontrant les créateur·rices qui les ont façonnés. Cutscene est une immersion au cœur des productions nationales avec conférences, performances, tournois, et une soirée au Nouveau Monde le samedi 19 mars.
Un jeu vidéo créé spécialement pour le FIFF par trois créateurs fribourgeois lance ce nouveau programme Cutscene. Dans le jeu Un dernier Film, un personnage féminin est la seule survivante d’un monde post-apocalyptique. Accompagnée de son chien, elle parcourt la ville de Fribourg en ruine, à la recherche de films, seuls souvenirs du monde passé. Programme complet de Cutscene et jeu disponible gratuitement en ligne sur ordinateur : fiff.ch/cutscene