Fin d’une histoire

Une solide et prenante étude de caractère, portée par une Ursina Lardi au sommet de son art.

« C’est entre nous » (« Unter der Haut » en VO) est un petit film en apparence très simple qui ne se démarque pas par l’originalité de son scénario. Sur le papier, l’histoire a déjà été maintes fois contée et racontée. Il ne s’agit que du récit malheureux d’une femme qui découvre que son mari la trompe. Elle se doute et s’inquiète puis, devant l’évidence, se révolte, se déconstruit et se répare. La trame entière est là.

Quant à la forme, le décor reste pratiquement toujours le même et figure un appartement d’une banlieue zurichoise soumise au rythme des saisons. Les feuilles se fanent à mesure que la relation du couple s’étiole. La dramaturgie et la réalisation sont basiques, simples et efficaces. Pourtant, ce premier long-métrage de la réalisatrice biennoise Claudia Lorenz se démarque des œuvres du genre (et surtout de la production actuelle) par sa finesse d’observation et sa justesse de ton. Point d’esbroufe ni de surenchère, juste la mise en scène d’un drame familial filmé à la hauteur d’une femme abimée, mais digne. L’actrice Ursina Lardi (« Lore », « Der Verdingbub », « Le Ruban blanc »), talentueuse et particulièrement bien dirigée, porte cette excellente étude de caractère sur ses épaules. De presque rien et d’un sujet très banal, Claudia Lorenz a su tirer une œuvre forte et percutante sur les difficiles relations humaines et conjugales.