« Big John » est de retour mais pas forcément où on l’attendait, puisqu’il signe un album de compositions inédites. Plaisir nostalgique garanti.
Malgré son titre, l’album Lost Themes de John Carpenter n’est pas une compilation de vieux titres du cinéaste qui n’auraient pas été retenus pour la bande originale de ses films. Les neuf morceaux présents sur le CD sont bel et bien des compositions originales, que le « Master of Horror » a créé pour le plaisir, en compagnie de son fils Cody et de son filleul Daniel Davies.
Indéniablement, la musique a toujours occupé une place prépondérante dans la carrière de Carpenter. Composant lui-même le score de presque tous ses films, le cinéaste a développé un style unique et reconnaissable : quelques notes angoissantes au synthétiseur suffisent pour nous rappeler chez qui nous sommes. Souvent minimalistes, ses créations musicales participent grandement à l’atmosphère de ses longs-métrages. Certaines ont ainsi acquis une notoriété au-delà des images qu’elles illustrent (même les quelques spectateurs à la ramasse qui n’auraient pas vu Halloween connaissent forcément son thème musical).
A côté de ses compositions pour ses films, Carpenter participe également au groupe The Coupe DeVille, qu’il a cofondé avec ses deux compères Nick Castle et Tommy Lee Wallace. Dans un registre plus pop, le trio joue notamment la délirante chanson finale des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (« Big John » qui donne de la voix, c’est quelque chose !).
On ne pouvait donc que se réjouir de découvrir ces « thèmes perdus », tout en conservant certaines craintes. De fait, la carrière cinématographique de Carpenter n’est plus ce qu’elle était. Depuis L’antre de la folie, son dernier chef-d’œuvre, l’auteur d’Assaut a malheureusement entamé une descente, réalisant des films de moins en moins intéressants (du fun mais foutraque Los Angeles 2013 au calamiteux The Ward) tout en cautionnant le lamentable remake de Fog. La dernière composition du cinéaste étant l’éreintante bande-originale de Ghosts of Mars, l’inquiétude était légitime. Ce nouvel album allait-il être une nouvelle déconvenue ?
Fort heureusement, non. Bien au contraire, Lost Themes nous ramène avec bonheur au « Master of Horror » de la grande époque. On y retrouve une compilation de tout ce qui faisait la force de sa musique, des mélodies électro minimalistes de ses premières compositions aux thèmes plus rock de ses derniers films. Ainsi, on croit reconnaitre autant le thème New York 1997 dans un passage de « Vortex » que celui de The Thing (qui, bien que composé par Ennio Morricone, singeait très clairement le style de Carpenter) dans l’introduction de « Fallen », en passant par un « Abyss » qui rappelle fortement la musique de Christine.
Pour autant, l’album n’est pas qu’une simple resucée de ces anciennes compositions. Libéré des contraintes liées à la mise en musique de ses films, selon ses propres dires, Carpenter peut alors s’aventurer en terrain inconnu. De fait, s’il reste dans la continuité de ses précédents travaux, il se permet également quelques morceaux plus complexes mais surtout bien plus flamboyants et positifs qu’auparavant. Entre autres, on retiendra le démentiel « Domain », incroyablement galvanisant.
Lost Themes est donc un incontournable pour tous les aficionados de « Big John », qui retrouveront là tout ce qu’ils ont aimé chez le cinéaste, et bien plus encore. De quoi souhaiter que ce dernier revienne au cinéma avec la même énergie que dans ces neuf morceaux.
Lost Themes
John Carpenter
Sacred Bones Record