Rien ne va plus chez les super-héros ! Sommés de se soumettre à la stricte réglementation de leurs activités, les Avengers se déchirent sur la voie à adopter et finissent par en venir aux mains. Un postulat de départ intéressant pour un résultat confus.
On les avait laissés fragilisés au terme du décevant « L’Ère d’Ultron ». Captain America, Iron Man, la Veuve noire, la Vision, la Sorcière rouge et les autres montraient des signes d’essoufflement après avoir déjoué les plans apocalyptiques du robot Ultron, sans manquer de transformer au passage plus d’une ville en champs de ruines. « Captain America : Civil War » s’inscrit dans la continuité directe de ces événements, en confrontant les justiciers aux dommages collatéraux de leurs titanesques affrontements.
Dans ses grandes lignes, le film des frères Russo puise dans le comics « Civil War », édité en 2006, qui scénarisait l’encadrement des individus dotés de super-pouvoirs et le refus de suivre des règles d’un certain nombre d’entre eux. Un questionnement récurrent de ce côté-ci de la pop culture, abordé de très (trop ?) nombreuses fois depuis les années 80 et le séminal « Watchmen », jusqu’à ces derniers jours dans « Batman v Superman ». Avec une vertue essentielle : malmener, le temps d’un conflit fratricide, le manichéisme de la plupart de ces productions toutes de bruit et de fureur.
Passée une introduction menée pied au plancher, « Civil War » trouve le ton juste pour amener en douceur le schisme des Avengers, plus que jamais représentés comme un assemblage fortuit d’individus inadaptés à notre monde. Les lignes de front sont esquissées, les fortes personnalités d’Iron Man et Captain America polarisent les camps. Puis le film s’égare, victime de la surcharge d’un scénario voué à remplir plusieurs fonctions à la fois : donner une suite à l’histoire des Avengers comme à celle de Captain America, revigorer les héros vieillissants en revisitant leurs traumas, introduire de nouveaux personnages-clés (Black Panther, Spider-Man)… La manie décriée des studios Marvel à carburer au teasing et à produire des passe-plats de luxe confine ici à l’absurdité.
Une fois n’est pas coutume, c’est dans la baston annoncée entre frères ennemis que se niche la véritable séquence jubilatoire du film. Un climax improbable sur le tarmac d’un aéroport, à mi-chemin entre jeu vidéo et série B, entre tragédie et comédie, porté par un Paul Rudd déchaîné en Ant-Man. Un bon quart d’heure de plaisir coupable qui rappelle que la magie Marvel est encore capable d’opérer, le temps d’injecter à ce troisième « Captain America » un peu de cette folie qui manquait à « L’Ère d’Ultron ».
Captain America : Civil War
D’Anthony et Joe Russo
Avec Chris Evans, Robert Downey, Jr., Scarlett Johansson, Sebastian Stan
Marvel/Walt Disney
Sortie le 27/04