Les membres du Buena Vista Social Club sont à bien des égards les gardiens de la musique cubaine traditionnelle, car ils maintiennent non seulement en vie ce style de musique, mais le font en plus connaître à l’étranger. Après leur disparition, le mythe perdure, mais quelque chose a changé…
« Buena Vista Social Club : Adios », le film de Lucy Walker, centré sur les musiciens du Buena Vista Social Club retrace le parcours du groupe au sein de l’histoire musicale de Cuba, tandis que ses membres reviennent sur leurs remarquables carrières et les extraordinaires circonstances qui les ont réunis. Cette cinquième réalisation de la jeune femme fait suite au « Buena Vista Social Club » de Wim Wenders sorti en 1999, celui-ci avait été acclamé en son temps par la critique et le public pour son documentaire. Tout comme les mélodies du précédent opus, « Buena Vista Social Club : Adios » est une capsule temporelle. La productrice Christine Cowin explique que les musiciens eux-mêmes ont exprimé le désir que ce film vienne clore leur héritage. Le but principal étant de faire découvrir la musique cubaine à la nouvelle génération qui ne connaîtrait pas encore leur parcours.
Ces légendes d’un autre temps sont malheureusement toutes décédées aujourd’hui, mis à part la chanteuse Omara Portuondo (née le 29 octobre 1930 à La Havane) qui malgré son âge avancé perpétue le mythe avec de nouveaux musiciens qui ont su garder les principes de base tout en y apportant leur savoir faire.
Tout a commencé en 1996, lorsque le producteur de disques Nick Gold, le producteur et guitariste Ry Cooder et le leader du groupe Juan De Marcos González se retrouvèrent à La Havane pour enregistrer un album aux sonorités à la fois cubaines et africaines. Le projet n’aboutit pas parce que les musiciens africains ne purent être présents, mais une nouvelle idée vit le jour : recréer les mélodies cubaines traditionnelles du son (base de la salsa) des années 1930, 1940 et 1950 avec leurs interprètes originaux.
Un groupe de maestros du genre fut spécialement réuni. La plupart d’entre eux étaient alors à la retraite, à l’image d’Ibrahim Ferrer qui avait abandonné sa carrière de chanteur et cirait des chaussures pour joindre les deux bouts, ou du célèbre pianiste Rubén González qui n’avait plus joué depuis que des termites s’étaient attaqués à son instrument plusieurs années auparavant. Une par une, d’autres incroyables légendes de la musique cubaine rejoignirent la formation : Eliades Ochoa, Omara Portuondo, Barbarito Torres, Guajiro Mirabal, Compay Segundo, Manuel Galbán, Cachaíto López. Le Buena Vista Social Club était né, et la magie créée lors de ces sessions improvisées, grâce aux chansons évocatrices et émouvantes d’une époque oubliée, a fait sensation dans le monde entier.
Assez répétitif, ce documentaire nous replonge au centre de leur quotidien fait de concerts, interviews et voyages. Des documents d’époque, archives en noir et blanc ou en couleurs viennent confirmer leurs commentaires et souvenirs. La musique est omniprésente dans le film. Les tubes les plus connus passent en boucle et donnent au spectateur l’envie de se trémousser. Il y a bien évidemment « Candela » qui est entonnée plusieurs fois ainsi que le célèbre « Chan Chan ».
Le tournage du documentaire a débuté en 2015, alors que le paysage culturel cubain était en pleine transformation. Grâce à l’allègement des restrictions de voyage des États-Unis, Cuba est désormais plus accessible aux équipes de cinéma américaines et internationales. Les cinéastes ont saisi cette opportunité pour présenter l’île et sa musique sous un nouveau jour. Le point le plus intéressant du film est la visite à la Maison Blanche. On y voit Barack Obama, grand mélomane, accueillir à bras ouverts nos musiciens retraités. Il y a aussi d’autres moments émouvants tels que le dernier concert de « l’Orquesta Buena Vista Social Club » au Teatro Karl Marx de La Havane ainsi que le retour d’Omara au Festival de Jazz de Marciac en France.
L’affiche du film rappelle elle aussi le premier opus. La rue cubaine est immortalisée une seconde fois, mais c’est un autre membre du groupe qui marche dans la direction opposée. Tout un symbole, cette fois-ci c’est malheureusement fini. Adios Amigos !
Buena Vista Social Club : Adios
USA – 2016 – 110 Min. – Documentary
Réalisateur: Lucy Walker
Acteur: Omara Portundo, Elades, Ochoa, Manuel « Guajiro » Mirabal, Guajirito Mirabal
Website: www.buenavistasocialclubmovie.com
Ascot Elite
22.11.2017 au cinéma