Un jeune couple assez insouciant voit leur vie bouleversée suite à un accident. Si le tandem s’en sort indemne physiquement, des conséquences dramatiques inévitables en découlent. À tel point que l’un d’entre eux va douter de la force de leur amour.
À Lille, Piotr et Marilyn mènent une vie plutôt quotidienne entre leurs sorties avec leurs amis, le boulot et leur appartement. Mais un grand bouleversement arrivera lorsqu’ils se rendent à une fête : un accident. Marilyn s’en sort totalement saine et sauve, mais Piotr est projeté contre le pare-brise avant et sa tête le percute violemment. Il en ressort traumatisé crânien, et même si physiquement, il n’a aucun problème, le mental ne suit presque plus. Tantôt colérique, parfois apathique ou hypersexuel, pour sa compagne Marilyn tout se complique. Son amour pour lui, peut-il les sauver ? C’est ainsi que leur (re) construction en tant que couple va se faire… Telle une montagne russe au bord d’une immense plage.
La réalisatrice Marion Vernoux a beau avoir bientôt 30 ans de carrière en qualité de scénariste-réalisatrice, la plupart de ses films restent discrets au Box-office dans l’Hexagone. Néanmoins, cet élément en est sa force, car la plupart de ses mises en scène sont minutieuses et réfléchies. Bien que la comédie soit son thème de prédilection, le drame demeure toujours imbriqué dans ses histoires. Selon ses projets, elle peut même les terminer presque 10 ans après ses premiers écrits à l’exemple de « Bonhomme ». Ce pour différentes raisons, comme la difficulté d’écrire l’idée sur papier. Mais surtout parce qu’elle avait le sentiment que le thème restait très délicat à transposer sur le grand écran sans outrancier.
Ce qui est le cas. Tout d’abord, grâce à son bon choix de distribution au niveau des actreurs-trices principaux-pales et des rôles secondaires. À commencer par Nicolas Duvauchelle (« Dalida »), alias « Piotr », exerçant son métier de comédien d’une manière touchante, triste mais également audacieuse entre autres avec ses scènes de nudité. Il en va de même pour Ana Girardot (« Knock »), jouant « Marilyne », qui incarne son personnage en mêlant une belle palette de sentiments comme le désespoir ou la crainte de son conjoint. Si la participation de Béatrice Dalle (« Aux yeux des vivants ») est plutôt sympathique, elle ne reste pas marquante. À l’inverse du comédien François Rollin (« Hibou ») dégageant au travers de son protagoniste, une gentillesse, compréhension et un brin d’humour rendant son interprétation plus touchante.
Au-delà du casting, c’est surtout l’histoire qu’aborde « Bonhomme » qui importe. Car le traumatisme crânien demeure un sujet peu scénarisé dans le milieu du 7ème Art. Encore très tabou dans la société actuelle et malgré les avancées de la médecine, actuellement, il est possible que certaines lésions ne puissent être traitées par les opérations en chirurgie adéquates, comme la fiction le présente. D’ailleurs, la plupart des séquelles présentées et filmées sont des effets existants et pouvant se ressentir fortement.
Ainsi, les sautes d’humeur, l’apathie ou une forte irritabilité peuvent se ressentir à intervalles très réguliers. Le personnage de Nicolas Duvauchelle le montre bien et une catastrophe, plus ou moins grave, peut survenir à tout moment. Même si le sujet est traité avec une certaine légèreté, le drame demeure sous-jacent tant et si bien qu’à quelques reprises, le danger les menace.
Avant tout, « Bonhomme » s’adresse à un public désireux d’en savoir davantage plus sur les traumatismes crâniens. Que se soit dans le but d’en prendre connaissance, mais également pour informer les proches qui en seraient touchés de près ou de loin. À la fois douce et brutale, la réalisation démontre certaines difficultés encore très méconnues permettant ainsi de sensibiliser les spectateurs-trices. Principalement ciblé pour les adultes appréciant les films français du genre, le long-métrage saura interpeller grâce à son scénario novateur et efficace.
Bonhomme
FR – 2018 – Comedy
Réalisateur: Marion Vernoux
Avec Nicolas Duvauchelle, Ana Girardot, Béatrice Dalle
JMH
29.08.2018 au cinéma