De nombreux films indépendants d’ici et d’ailleurs furent présentés en Première (ou Avant-première) du 20 au 29 janvier dernier durant la 24ème édition du « Black Movie » à Genève. Une belle réussite postpandémique, car environ 30’000 personnes profitèrent de la riche programmation.
Pour ma part et suite à un manque de temps, je ne pus me rendre sur place afin de profiter de l’ambiance des 24 ans de la manifestation. Néanmoins et grâce à la décision du Comité central, une bonne moitié des longs-métrages furent également disponibles en ligne.
Car même si je prône avant tout qu’aller dans une salle obscure reste le meilleur moyen de s’immerger de l’histoire, parfois, profiter de voir quelques films à la maison, s’avère être aussi une belle et confortable expérience.
The Sales Girl : Tout commença avec l’histoire d’une peau de banane et d’une mauvaise chute. Un accident pour l’une, un changement de vie pour la jeune étudiante Saruul. Elle remplace en fait l’une des vendeuses, et amie, d’un sex-shop en ville. L’étudiante sera amenée à faire connaissance de la patronne des lieux, Katya. Fascinée par ses discours, sa forme de liberté et ses fantaisies, elle va en apprendre beaucoup sur l’incroyable passé de cette femme hors du commun.
Tourné à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, ce portrait intimiste sur 2 femmes opposées qui se rapprocheront, permet non seulement de découvrir un peu plus les us et coutumes de ce pays. Mais aussi leur place sociale, humaine et économique, très importante au sein de cette contrée.
Par rapport à l’approche du metteur en scène et réalisateur de la sexualité, même dans plusieurs pays occidentaux, cela ne se fait guère de cette manière. Ou alors, davantage sous une forme de docu-fiction ou documentaire. Cet aspect lui permet donc d’avoir un regard tout autant masculin que féminin.
Si le réalisateur Janchivdorj Sengedorj, s’est beaucoup inspiré de sa propre vie afin de concrétiser « The Sales Girl », mettre en avant les 2 comédiennes, soit Bayartsetseg Bayangerel (« Saruul ») et Enkhtuul Oidovjamts (« Katya ») rend son long-métrage plus novateur, intelligent et audacieux.
Trenque Lauquen : Rafael et Ezequiel ont beau mené leurs recherches du mieux qu’ils peuvent, ils ne comprennent pas comment et pourquoi, Laura peut avoir soudainement disparu. Est-ce en lien avec son métier de botaniste ? Ou par rapport aux lettres épistolaires trouvées par hasard à la bibliothèque ? Ou encore, l’affaire du monstre-enfant aux abords du lac de la ville ?
Récompensé et primé à de nombreuses reprises au sein de festivals internationaux à l’exemple du « Venice Film Festival » ou du « Mar del Plata Film Festival », les 2 parties de « Trenque Lauquen » restent effectivement, originales, surprenantes et divisées en plusieurs chapitres fort intéressants.
Néanmoins, entre ses trop longues séquences, les voyages temporels parfois inexpliqués, ou ses nombreux sujets abordés et parfois non résolus, les spectateurs-trices risquent de se perdre dans les méandres scénaristiques dudit long-métrage. Toute fin ne mérite pas forcément d’explications, mais les mystères s’avèrent excessifs cette fois-ci.
Quoiqu’il en soit, « Trenque Lauquen » expose différents thèmes d’une manière intelligente. Partagé son film par chapitre avec plusieurs personnages centraux, dont l’héroïne « Laura » superbement jouée par la comédienne Laura Paredes, demeure une très bonne idée. Une fiction à découvrir grâce à son authenticité, même s’il faut se préparer au plus de 4h00 d’histoires étranges…
Parallel : Mai a passé une enfance catastrophique à cause de ses parents violents. Mais sa vie en sera encore plus bouleversée par son sauveteur… Traumatisée par cette période, la jeune femme essaie toutefois de se reconstruire. Alors qu’elle est agressée par un inconnu, un cosplayeur l’observe à ce moment-là par hasard. Le temps passera et ils vont se rapprocher. Mai se sent attirée par cet homme sans se douter de sa face très sombre. Pourrait-elle l’accepter si elle l’apprenait ?
Dramatique, touchant et violent, la toute 1ère réalisation du Japonais Daika Tanaka immerge le public au sein d’une incroyable et sordide histoire. Néanmoins, au gré des scènes et actes commis, l’humanisation d’une partie des personnages rend « Parallel » comme un chef d’œuvre offrant beaucoup plus, que de l’hémoglobine.
Si le cosplay et l’horreur demeurent honorés, certains sujets actuels sont également abordés d’une manière efficace et intelligente. Ainsi, entre la quête et la perte de son identité, selon son parcours de vie, parfois, un seul pas peut tout changer.
Outre une mise en scène particulièrement soignée et un scénario redoutable, les actrices et acteurs démontrent leur talent au travers de leur personnage, d’une manière à la fois horrible, tragique et poétique.
« Parallel » reste donc mon coup de cœur 2023 dans le cadre de la 24ème édition du « Black Movie » pour toutes ses raisons et d’autres encore. Je souhaite au réalisateur un franc succès au sein des différents festivals où sa fiction pourra être présentée.