« Big Game » propose un scénario simple : l’avion présidentiel Air Force One est attaqué par des terroristes lorsqu’il survole la Laponie. Le Président américain (Samuel L. Jackson) est éjecté à temps par son garde du corps (Ray Stevenson). À terre, il va rencontrer un garçon de 12 ans (Onni Tommia). Muni d’un arc et de flèches, le Président va devoir effectuer une chasse initiatique afin d’être accepté par sa tribu. Puis, ils devront faire face à des hommes qui veulent tuer l’homme le plus important des Etats-Unis…
…Et, aussi, le plus incompétent. En effet, contrairement aux personnages iconiques qu’incarne la plupart du temps Samuel L. Jackson (Pulp fiction, 51e Etat, Star Wars,…), il joue, dans ce film, le rôle d’un homme politique vilipendé par la presse car n’ayant aucune expérience du terrain. Ce changement de registre permet au jeune acteur finlandais de venir secourir le Président, donnant lieu à diverses scènes potentiellement comiques, jouant sur les différences qui les séparent en tous points. D’ailleurs, le film est à la croisée du film d’action, de la comédie et du film pour jeune public. Malheureusement, cette triple obédience nuit à l’immersion diégétique, rendant les personnages caricaturaux à l’extrême, comme le méchant qui abat un pilote innocent au lance-missiles après l’avoir laissé s’en aller en lui promettant que tout irait bien : beaucoup trop prévisible.
Pour ce qui est des enjeux narratifs, ils peinent également à surprendre tant les thèmes qu’ils abordent sont connus et traités de manière classique. La relation entre les deux protagonistes suit le parcours fléché d’un accomplissement d’une virilité que leurs deux univers leur refusent. Les motivations des terroristes sont dignes d’une série B et les deux principales pistes narratives, poursuivant et poursuivi, perdent encore de leurs crédibilités. Car, si associer un enfant initié au combat à un adulte incompétent peut s’avérer prolifique, il est ardu, à moins qu’il ne s’agisse de la fille de Wolverine, qu’il puisse venir à bout d’une bande de tueurs assoiffée de sang et sur-armée. Les scènes « d’action » souffrent donc d’un manque de plausibilité et d’intérêt, se résumant à quelques coups de feu et de pugilat de cours d’école mal chorégraphiés.
Le cadre de l’action offre quant à lui quelques magnifiques panoramas, entre les vastes forêts, les chaînes de montagnes et les lacs scintillants. Mais la survie dans une nature sauvage et dangereuse, qui était le prétexte à la présence du jeune chasseur, n’est malheureusement pas exploitée. Qui plus est, une séquence mettant en scène une nuée d’hélicoptères, rappelant vaguement « Apocalypse Now », ne surprend que par le peu de soin apporté aux effets numériques et à sa totale inutilité dans le récit. Il y a, certes, un « plot-twist » qui vient relever quelque peu l’intérêt du film, mais il passe inaperçu au milieu de tant d’actes manqués scénaristiques.
En somme, il semble que le « Big Game » ait été pour tout le monde sauf pour Samuel L. Jackson et le spectateur. Si vous avez envie d’entendre l’acteur qui comptabilise sûrement le plus de « mother*****r » (qui n’est d’ailleurs pas cité dans le film) à l’écran et que vous pouvez passer une heure trente à guetter ses phrases qui sonnent toutes comme des punchlines, ce film est pour vous. Bien sûr, il s’agit d’un avis subjectif et il ne tient qu’à vous de trouver votre vérité, tout en gardant à l’esprit qu’il est facile de critiquer une œuvre depuis son clavier alors que nous ne connaissons pas tout du contexte de la production. Mais, si vous avez mis « Big Game » en tête de votre liste des 100 films à voir, peut-être réservez-le pour une soirée navet ou un lendemain de la veille.
- « Big Game »
- Jalmari Helander
- 2014