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dimanche, novembre 24, 2024
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Ben-Hur version 2016, un remake inutile ?

Ben-Hur, un nom connu de tout cinéphile voir au-delà, un classique parmi les classiques du 7ème art, des scènes mythiques, un acteur principal – Charlton Heston – qui a gagné ses lettres de noblesse avec ce film auquel il sera éternellement associé, un chef d’œuvre intemporel, un film qui frôlerait la perfection. La question survient dès lors : pourquoi en faire un remake ? N’est-ce pas un pari suicidaire de vouloir toucher un monument du cinéma, de refaire ce qui devrait rester tel quel ?



L’histoire est celle de Judas Ben-Hur, prince juif, qui se voit accusé à tort de trahison par Messala, son frère adoptif, officier de l’armée romaine. Séparé de sa famille et de la femme qu’il aime, réduit à l’esclavage, il est envoyé dans les galères romaines. Par un concours de circonstances, il finit par être recueilli par Ilderim, un marchand et organisateur de courses de chars. Ben-Hur y voit une opportunité de revenir à Jérusalem pour se venger en défiant celui qui a jadis été son frère et son meilleur ami, devant tous les siens, dans l’arène.

Avant même que le film ne commence une première chose nous interpelle, sa durée. A peine deux heures alors que celui de 1959 dépassait les trois et demi. Certes, c’était une autre époque, le péplum était un genre populaire dans ces années-là et les productions grandiloquentes, à rallonge étaient de mise tandis que de nos jours, un film dépassant 120 minutes est déjà vu comme long…une toute autre époque. Malgré tout, cela veut dire aussi un rythme différent, voire le sacrifice de certains passages, une autre manière de raconter cette histoire, un risque à prendre, un choix (imposé ?) pour cette version 2016.


Cette histoire épique, en 2016 a pu bénéficier de superbes décors, notamment la ville de Matera en Italie qui prête ses traits à Jérusalem, les progrès technologiques ont aussi permis la création de visuels à la hauteur des ambitions du récit notamment lors de la légendaire scène de la course de chars. De ce point de vue, il n’y a pas vraiment de critiques qui peuvent être formulées à l’encontre de ce remake, visuellement réussi. Du point de vue du scénario, une accentuation a été mise sur le rôle de Christ, celui-ci prenant une place plus importante que dans la version de 1959, ceci pour accroitre une certaine fidélité vis-à-vis de l’œuvre de Lew Wallace, l’auteur du livre Ben-Hur (dont le nom original était Ben-Hur : A Tale of Christ).

Hormis ces quelques points, deux manières peuvent être envisagées en regardant le film de Bekmanbetov : soit nous essayons de faire de notre mieux pour faire abstraction qu’il s’agit d’un remake et nous nous concentrons sur ce qui nous est proposé en essayant de garder une partie d’objectivité en éviter les comparaisons systématiques ; soit nous nous posons  comme défenseurs absolus du long-métrage réalisé par William Wyler et ne voyons que sacrilège pour avoir voulu toucher ce qui n’aurait jamais dû être touché et que par conséquent, la version 2016 ne peut-être qu’une horreur n’ayant jamais dû voir le jour.


Il est impossible de faire table rase du passé, notamment lorsque ce passé est prestigieux et qu’il est connu de tous comme étant une référence absolue mais il est néanmoins quelque peu déplacé de tirer des conclusions hâtives et ne pas vouloir donner l’ombre d’une chance à un pari certes risqué et peut-être même suicidaire mais qui au final ne s’en tire pas aussi mal que certains veulent bien le prétendre.

Si nous retirons le nom Be-Hur, nous nous retrouvons devant un divertissement qui ne cherche pas à révolutionner le genre mais dont le scénario tient la route, avec un rythme qui nous garde devant l’écran sans que nous ayons à bailler, des acteurs qui endossent plutôt pas mal leur rôle, notamment les personnages féminins – qui ont pris de l’ampleur – et qui s’en sortent mieux que leurs homologues masculins.

Le choix de revenir à une approche qui mise sur une histoire de pardon, une exploration accrue de la foi, ceci par l’intermédiaire d’une présence plus importante du personnage de Jésus Christ donne une sensibilité autrement différente de l’œuvre avec Charlton Heston. Mais toute cette émotivité déployée, ce thème de la bienveillance a aussi eu comme effet néfaste un dénouement qui dégouline de bons sentiments et qui manque totalement de crédibilité en regard de tous les événements survenus.


Au final, ce remake pas forcément utile n’est pas le navet absolu que l’on voudrait nous faire croire, il reste un long-métrage honnête, qui ne fera pas date dans l’histoire du 7ème art,  n’a certes aucune chance de faire de l’ombre à son illustre aîné mais il ne s’en sort pas si mal, pour autant que nous lui donnions une chance et que nous cessions la comparaison avec son prédécesseur, en adoptant la position « de toute façon, il ne lui arrivera pas à la cheville », avant même de l’avoir visionné.

Avec ses nombreux bonus qui reviennent entre autres sur la vie du créateur de Ben-Hur, le contexte de son écriture, les thèmes de base du récit mais aussi sur les partis pris pour cette nouvelle version et d’autres aspects intéressants dans la création de ce remake, ce blu-ray permettra peut-être de se faire une nouvelle idée sur l’histoire de ces deux frères et leur parcours chaotique, version XXIème siècle.

Réalisé par Timur Bekmanbetov
Avec : Jack Huston, Toby Kebbell, Rodrigo Santoro, Nazanin Boniadi, Ayelet Zurer et Morgan Freeman
Distributeur : Paramount Pictures
Durée : 123 min
Bonus : Ben-Hur, l’héritage (10min) ; Un casting épique (12min) ; Une histoire contemporaine (15min) ; La course de chars (10min) ; Un récit du Christ (11m30) ; Scènes coupées et versions longues (10min)

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