Le film commence par des fausses pistes. Des jeunes qui écoutent de la musique sur une plage. Puis les mêmes dans une fête en l’honneur d’une vieille dame. Une commode, un flash-back, quelques ébats sexuels et à nouveau cette commode au milieu d’un autre appartement. Et voilà que le film démarre. On découvre Clara, qu’on a aperçue dans le prologue avec les cheveux courts, témoins de son combat contre la maladie. Elle est aujourd’hui sexagénaire et a les cheveux noirs, qu’elle porte long, en signe de victoire. Maintenant, entre les baignades dans un océan infesté de requins, les souvenirs et la musique, elle se bat surtout contre d’autres prédateurs, des promoteurs qui veulent l’expulser de son logement. Cette entrée en matière pleine de divagations va être une sorte de matrice thématique et formelle de l’œuvre tout entière. On y aborde déjà le cancer, l’attachement aux objets, la musique, le sexe et les conflits de génération ou de statut social. Toute une série de sujets que le reste du film brasse pêle-mêle, en se balançant justement de l’un à l’autre et en se permettant des petites respirations en forme de flash-backs ou de séquences oniriques. Le cinéaste prend son temps, fait du cinéma pour l’amour du geste et pour raconter aussi, à coup d’instants suspendus, autant une femme qu’une ville. Car Recife est l’autre personnage principal. Recife, terre natal de Kleber Mendonça Filho et qu’il met en scène tout autant pour sa beauté actuelle que celle qu’elle a perdue en se modernisant. Bien que le long-métrage soit très esthétisé et irradié par son actrice principale, il abuse de sa lenteur et enfonce quelques portes ouvertes. Mais, pour peu qu’on se laisse envoûter, reste suffisamment riche d’idées de cinéma pour convaincre le cinéphile averti.
Aquarius
De Kleber Mendonça Filho
Avec Sonia Braga, Maeve Jinkings
Filmcoopi
Sortie le 05/10