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mercredi, novembre 27, 2024
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Anna Karenina : le réalisateur Karen Shakhnazarov signe un film soigné, mais qui peine à toucher juste

Pauline Brandt
Pauline Brandt
Avec un master de français moderne avec spécialisation en études théâtrales, un bachelor en français moderne et histoire et esthétique du cinéma, Pauline Brandt met en œuvre tout son savoir-faire pour promouvoir le cinéma.

Tous en voiture : on embarque pour la Russie du XIXe siècle. Au programme : guerre russo-japonaise, sauts dans le temps et des larmes sur fond de mazurkas.


S’attaquer à adaptation d’une œuvre phare de la littérature est forcément un exercice difficile : le poids de la critique littéraire sur le sujet pèse lourd, et on risque de ne faire qu’ajouter un titre à la longue liste d’adaptations nous ayant précédé. Tout cela, c’est sans compter les parfois très hautes attentes d’un public ayant déjà des idées bien arrêtées sur ce à quoi doit ressembler l’adaptation d’une œuvre littéraire en film…

Le réalisateur russe Karen Shakhnazarov s’attelle à ce défi en transposant à l’écran sa version de l’œuvre de Tolstoï sur la noblesse russe, Anna Karénine. L’ouvrage, paru en 1877 en Russie sous forme de feuilleton dans le journal « Le messager russe », a été diffusé en France dès 1875 et reste à ce jour un des écrits de la littérature russe les plus connus en Europe. Il raconte les tourments et les errances d’Anna Karénine, depuis sa rencontre inattendue au sortir d’un train avec le comte Vronski, qui remettra en cause tous ses choix de vie envisagés sereinement jusqu’alors – jusqu’au suicide de cette dernière, dont le dernier geste sera de se jeter sous un train.

Souvent comparée à Emma Bovary, cette héroïne complexe a marqué l’histoire de la littérature notamment par la profondeur et le réalisme de ses errances ; en proie tour à tour au remords et à la culpabilité, tantôt conquise par un amour passionnel et intense pour Vronski, symbole d’une vie nouvelle en marge de la noblesse moscovite et tantôt envahie d’une affection emplie de loyauté pour son fils, Anna Karénine est fréquemment envisagée comme l’héroïne tragique par excellence.

Bien qu’il soit fort appréciable d’en voir une adaptation russe plutôt qu’un film hollywoodien, il est regrettable que la Karénina portée par Elisaveta Boyarskaya, aussi vive, charmante et émotive qu’elle soit, se rapproche plus d’une jeune femme se limitant à être capricieuse et volage. Il manque quelque chose à cette Anna Karénine : ce n’est à chercher ni du côté des costumes (plaisant travail esthétique), ni de la mise en scène (splendide et délicieusement kitsch), ni de la performance des acteurs (Vitaliy Kishchenko est royal en mari rejeté et Maksim Matveyev, compagnon à la ville d’Elisaveta Boyarskaya fait sourire une fois vieilli par une moustache blanchie). Le problème est ailleurs : en souhaitant proposer un nouveau point de vue, la narration fait passer à la trappe l’intensité du récit et met la cohérence à l’épreuve. Dommage.

Anna Karenina – L’histoire de Vronsky
RUS   –   2017   –   138 Min.   –   Drama
Réalisateur: Karen Schachnasarow
Acteur: Max Matveev, Elizaveta Boyarskaya, Vitaliy Kishchenko, Kirill Grebenshchikov
Trigon Film
20.12.2017 au cinéma

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