La mise en scène classieuse et efficace ne compense pas un scénario et des personnages mal écrits.
Cela fait six ans que l’on attendait le retour d’Alejandro Amenábar, absent depuis son brillant « Agora ». Avec « Regression », le réalisateur revient non seulement aux sources de l’horreur en abordant la peur comme sujet en racontant cette histoire de secte satanique, mais retourne également à ses racines avec ce thriller psychologique qui se situe dans la lignée de son tout premier film, « Thesis ».
Cette mise en perspective s’avère précisément douloureuse tant l’on ressort déçu de « Regression ». En effet, si Amenábar avait réussi à se créer une place dans l’industrie du cinéma de genre, c’était grâce à sa manière d’apporter une cure de jouvence aux conventions handicapant le cinéma horrifique. Une démarche que l’on ne retrouve tristement à aucun moment dans « Regression » où le réalisateur semble au contraire plutôt se réfugier derrière les références l’ayant inspiré (voir l’interview dans le numéro 65 de Daily Movies et bientôt sur le site).
Le réalisateur aborde certes les séquences horrifiques de manière aussi classieuse qu’efficace en évitant tout jumpscare ou autres artifices qui pullulent aujourd’hui dans les productions horrifiques, mais malgré cette mise en scène et ses qualités factuelles, le film ne parvient pas à convaincre. Le problème principal du long-métrage réside essentiellement dans son scénario alambiqué et déjà-vu qui s’épuise à produire autant de surprises que de doutes chez le spectateur. Mais plus le film avance, moins l’on est convaincu par les choix narratifs, ce qui n’est en rien aidé par le personnage incarné par Emma Watson, tant il est mal écrit et incarné.
« Regression » n’est assurément pas le plus mauvais film que vous verrez cette année, on souffre simplement de voir autant de potentiel gâché sur un tel projet. Espérons qu’Amenábar nous revienne rapidement en meilleure forme.
Regression
D’Alejandro Amenábar
Avec Ethan Hawke, Emma Watson
Ascot Elite
Sortie le 28/10