Dans son dernier film, le réalisateur israélien taille au scalpel les portraits nuancés de personnages hauts en couleurs, identités multiples et composites qui se cherchent, se perdent et s’abîment. Alila se cache sous des apparats fragiles de femme libre et libérée et se terre dans une relation amoureuse étouffante et torturée, irrémédiablement passée sous silence.
Ezra, touchant en père dévoué, pathétique en mari délaissé, se bat pour des valeurs auxquelles il croit encore, valeurs renversées et piétinées par une réalité qui va trop vite, un quotidien bruyant et sans pitié. Gitaï manipule et nous livre ainsi des histoires brutes, denses et bouillonnantes qui convergent au centre d’un quartier populaire de Tel Aviv. Il s’intéresse ici aux problèmes de ces identités pour la plupart cloisonnées et donne une approche de la société israélienne qui nous est rarement présentée comme telle.
Il interroge avec justesse une réalité complexe, nous submerge sans nous laisser d’autres choix et nous éclaire à sa manière sur les multiples facettes qui la composent. Un constat amer mais néanmoins lucide pour un résultat à mi chemin entre fiction et documentaire.