Elle se destinait à une carrière de pianiste et découvrira plus tard les plateaux de tournage. Alice Taglioni a choisi de faire de la musique et du cinéma ses deux métiers. Elle en a fait l’éloge le week-end dernier lors des Rencontres 7e Art à Lausanne.
«Ça fait plaisir de voir sous mon nom «actrice et pianiste», et pas «l’actrice qui joue du piano.» Née en 1976, Alice Taglioni a grandi dans «une famille de musiciens». Gamine déjà, elle travaille dur au piano, et surtout des classiques, a-t-elle raconté samedi au public des Rencontres 7e Art Lausanne. Pour parler de sa passion pour ses deux métiers, il ne pouvait y avoir de meilleur endroit que l’École de jazz et de musique actuelle (EJMA).
Celle qui voulait devenir Martha Argerich confie, avec recul, avoir été considérée comme une surdouée jusqu’à son entrée au Conservatoire de Paris. «Là-bas, il y avait une vraie compétition. C’était à qui travaillerait le plus et il y en avait pour qui c’était plus évident, raconte celle qui, à l’âge de 15-16 ans, avait une soif de liberté et l’envie de composer. «J’ai regretté de ne pas pouvoir improviser. Ce n’était, soi-disant, pas noble…»
«La musique et le cinéma? Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre.»
Un apprentissage académique très strict qui ne lui a jamais convenu. «Il faut apprendre la musique aux enfants différemment. On n’est pas obligé d’avoir le bâton à la main. Il ne faut pas faire croire que la musique est réservée à une élite. On peut en faire, même si on n’est pas Bach ou Ravel.» Si elle a arrêté de s’imposer une cadence de 8h30 de dur labeur au quotidien, «c’est parce que je n’étais pas au niveau, dit-elle. Mais ça m’a donné envie d’aller vers d’autres choses». Tout bien réfléchi, «ne serait-ce pas la musique qui m’a fait aimer le cinéma? Peut-être…», songe-t-elle. Avant d’ajouter: «Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre.»
À 25 ans, après seulement un an de cours de théâtre, Alice Taglioni décroche son premier rôle. Cinq ans plus tard, on lui propose d’incarner une top model dans «La Doublure» (2006) de Francis Veber. «Je savais ce qu’était le travail. La musique m’avait appris le sérieux et la rigueur, et ça m’a permis de me sentir légitime. En plus, je n’avais pas le trac. J’avais déjà vécu pire avant», glisse-t-elle. Après 20 ans de carrière au cinéma, elle «fonctionne au coup de foudre avec un scénario». Tout en avouant qu’il n’est «pas facile de dire non dans ce métier, où l’on dépend du désir des autres».
«Hans Zimmer aussi me fascine. Il ne sait jouer d’aucun instrument. Comme quoi!»
La musique et le piano ne l’ayant jamais quittée, il y a quelques années, elle a commencé à publier ses propres compositions sur les réseaux sociaux: «Les commentaires et le soutien des gens, ça m’a donné confiance.» Elle ne rougira pas non plus en s’asseyant au piano de l’EJMA pour en faire entendre une au public de cinéphiles. Sous l’œil bienveillant de sa maman, passionnée de jazz. En attendant d’avoir le cœur qui bat pour un autre rôle, Alice Taglioni rêve de composer pour le 7e art. Elle prend Philippe Sarde en exemple. Mais pas que. «Hans Zimmer aussi me fascine. Il ne sait jouer d’aucun instrument. Comme quoi!»