Al Pacino, l’éternel retour à la Mostra de Venise 2014
Dans le milieu du show-biz, on dit qu’un acteur ne prend jamais sa retraite, mais qu’il travaille juste de moins en moins… Voilà qui n’est pas le cas d’Al Pacino qui, à 74 ans, pourrait être tenté de savourer une vie paisible dans un hamac quelque part, loin des feux de la rampe. Car à cette 71ème Mostra de Venise, il sera la vedette puisqu’il présente deux films : « Manglehorn », réalisé par Davis Gordon Green, qui concourt pour le Lion d’Or, et un film plus sombre « The Humbling » (« La leçon d’humilité »), basé sur le roman éponyme de Philip Roth.
Dans « Manglehorn », Pacino joue un ex-taulard essayant de démarrer une nouvelle vie dans une petite ville du Texas comme serrurier. Tentant de faire profil bas, le passé d’Angelo Manglehorn le rattrape, surtout son histoire d’amour brutalement achevée avec Clara, une femme qui a brisé son cœur et dont il est toujours amoureux. Manglehorn continue de lui écrire des lettres obsessionnelles et rêve de la retrouver pour reprendre leur historie là où elle s’est arrêtée. Vivant avec ses regrets et ses remords, Manglehorn ne voit pas les cadeaux de sa vie présente et persiste dans son amertume au lieu de tenter de recoller les morceaux d’un quotidien à la dérive, avec l’aide d’une nouvelle femme qui surgit dans sa vie, de son fils Jacob et de sa petite-fille Kelly, et de son chat Fanny.
Réalisé par David Gordon Green (« Votre Majesté », « Pineapple Express », « L’Autre rive »…), le film est difficile à classer, oscillant entre plusieurs genres. Cela permet au réalisateur de développer le personnage de Manglehorn, le faisant évoluer de manière imperceptible mais très subtilement. L’intrigue repose sur une fine observation des relations humaines, la croissance des sentiments et la résolution des problèmes. Faisant la part belle à Al Pacino qui irradie par son charisme magnétique, cette fable urbaine est portée par une magie revigorante.
Al Pacino est l’un des rares acteurs légendaires qui travaillent toujours à Hollywood ; sa filmographie est conséquente et reflète l’ampleur et la profondeur de ses gammes de jeu, une palette de rôles stupéfiante. Il s’agit bien là d’un des plus grands acteurs du cinéma moderne.
Ayant incarné des personnages mémorables, l’acteur a dorénavant le privilège de choisir ses rôles. Pour « The Humbling », Al Pacino a acheté les droits du roman éponyme de Philip Roth en 2009 pour devenir à la fois l’interprète principal et le coproducteur du film, réalisé par Barry Levinson (« Good Morning Vietnam », « Rain Man », « Des hommes d’influence, « Sphere »…).
Le film reste fidèle à l’ouvrage original, l’un des lauréats du prix Pulitzer. Dans une perspective nietzschéenne, l’intrigue explore les relations entre un acteur suicidaire en fin de carrière (Al Pacino) et ses relations amoureuses avec une jeune femme bohème, lesbienne et de trente ans sa cadette. La femme en question est jouée par Greta Gerwig qui a charmé le public à travers le monde entier grâce au succès de « Frances Ha ». Ce scénario qui implique certains tabous sur l’amour, le désir et l’angoisse existentielle risque de marquer les esprits. Mais le film souffre de longueurs, en particulier dans la première partie et le rythme ne prend son envol qu’après une bonne heure de projection, suscitant l’ennui des spectateurs.
Reste à découvrir les arguments d’Al Pacino qui viendra plaider sa cause à la conférence de presse…