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jeudi, novembre 28, 2024
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Al Gore fait honneur au Zurich Film Festival 2017

Lauren von Beust
Lauren von Beust
Amoureux du film «American Gigolo», ses parents la prénomme en hommage à l'actrice américaine Lauren Hutton. Ainsi marquée dans le berceau, comment aurait-elle pu, en grandissant, rester indifférente au 7ème art ? S'enivrant des classiques comme des films d'auteur, cette inconditionnelle de Meryl Streep a prolongé sa culture en menant des études universitaires en théories et histoire du cinéma. Omniprésent dans sa vie, c'est encore et toujours le cinéma qui l'a guidée vers le journalisme, dont elle a fait son métier. Celle qui se rend dans les salles pour s'évader et prolonger ses rêves, ne passe pas un jour sans glisser une réplique de film dans les conversations. Une preuve indélébile de sa passion. Et à tous ceux qui n'épellent pas son prénom correctement ou qui le prononcent au masculin, la Vaudoise leur répond fièrement, non sans une pointe de revanche : «L-A-U-R-E-N, comme Lauren Bacall !». Ça fait classe !

Vice-président de Bill Clinton dans les années 90, Al Gore a attiré la foule zurichoise, ce dimanche 8 octobre. Fervent militant de l’écologie, ce politicien en convalescence a livré une masterclass enviable, riche sur le plan intellectuel.


« J’espère que vous n’avez aucune question pour moi au sujet de Donald Trump ! », tels ont été les premiers mots de l’ancien vice-président américain, adressés au public du festival. Depuis qu’il a quitté la scène politique après son échec à la présidence en 2000, Al Gore a trouvé son combat et il en est fier. Il porte haut et fort les couleurs de l’écologie. Une idéologie qu’il diffuse et tente de transmettre au monde entier.

Dix ans après le succès du film « Une vérité qui dérange » réalisé par Davis Guggenheim et sacré meilleur film documentaire, Al Gore se lance dans un second volet Une suite qui dérange : Le temps de l’action de Bonni Cohen et Jon Shenck. La crise du climat ayant rapidement évolué ces dernières années. Homme de terrain, c’est au fil de conférences que le militant informe et initie de futurs écologistes. Pas toujours facile d’aller de l’avant aux Etats-Unis lorsque même le chef de l’État en vient à nier l’existence du réchauffement climatique. En tant que connaisseur et amoureux de son pays, Al Gore tient à le préciser : « Il est important de faire une nette distinction entre Donald Trump et les Etats-Unis d’Amérique », suscitant les applaudissements d’une salle déjà conquise.

« Que le président ignore le réchauffement climatique c’est une chose. Mais je peux vous assurer que cela n’empêchera en rien la majeure partie des états américains à continuer d’investir dans les énergies solaires, peu importe le choix de la Maison-Blanche sur le sujet ». Si la Suisse a récemment confirmé sa participation à l’Accord de Paris sur le climat, Donald Trump s’est finalement retiré, l’été dernier. Pour l’ex-vice-président humaniste, le sommet de novembre 2015 dans la capitale française avait été lourdement marquée par une série les attentats meurtriers, a semblé à ses yeux constituer une image des plus symboliques. L’antithèse d’une division nationale, c’est bien une cohésion mondiale qu’ont formé les dirigeants participants. Un bel espoir pour un avenir à construire ensemble et des combats à mener dans l’unité. Le projet commun : réduire progressivement, mais sûrement les émissions de gaz à effet de serre. Trouver des alternatives pour compenser cette énergie fournie par le charbon ou encore le pétrole pour se tourner vers des solutions d’ordre écologique.

« La crise du climat s’affirme de jour en jour »
Les récents ouragans qui ont frappé une partie des États-Unis. Ces catastrophes naturelles dévastatrices obligent la population à prendre conscience de l’importance de préserver la Terre mère, celle qu’Al Gore se plaît à définir comme « notre maison à tous ». Avec son expérience au sein du gouvernement, Al Gore estime que « la crise écologique et le traitement de l’arme nucléaire constituent les deux plus grands challenges à relever. Nous avons déjà les solutions pour résoudre le premier. Il n’en tient qu’à nous tous de les appliquer. Et nous y parviendrons ».

Un monde nouveau
La rencontre avec le public zurichois a pris des airs de cours universitaire de sociologie lorsque l’ancien vice-président a commencé à citer les chercheurs de l’École de Francfort. Réunissant un groupe d’intellectuels dans les années 20, cette institution est à l’origine de la théorie critique. Al Gore en a fait usage pour expliquer certaines aspects politiques : « Le Brexit, la montée du nationalisme et du populisme polluent la Raison, un principe développé au siècle des Lumières ». C’est effectivement ce qu’avaient imaginé ces sociologues allemands en considérant que les médias de masse avaient été à l’origine de la diminution du pouvoir de la Raison, empêchant par conséquent l’auto-réfléxivité des individus. « La révolution numérique n’a pas fini de surprendre. S’il faut savoir s’en méfier, le numérique n’a pas que de mauvais côtés. Prenez l’exemple des mouvements sociaux qui participent à la création d’une puissante cohésion, ils sont aujourd’hui créés à partir des réseaux sociaux », a convaincu cet homme d’expérience. Ce fut le cas de la Marche des Femmes organisée le lendemain de l’investiture de Donald Trump, une immense manifestation qui a finalement largement dépassé les frontières américaines pour gagner le monde entier. « Grâce aux nouveaux médias, les gens communiquent entre eux, partagent leurs idées et participent ainsi au bon fonctionnement de la démocratie ».

« J’eus été le prochain Président des Etats-Unis »
Al Gore a quitté la scène politique après l’an 2000, date à laquelle il arrive deuxième dans la course au Bureau Ovale. Enfin, presque… Techniquement, comme Hillary Clinton lors des dernières élections, Al Gore avait lui aussi obtenu la majorité des votes du peuple américain. Le système de l’Electoral College, et des erreurs non-négligeables de recomptage de voix, avaient eu raison du candidat démocrate que tout le monde donnait gagnant. Quinze ans après, ce politicien en convalescence a avoué « qu’il avait eu des projets bien définis dans la vie, mais que cette dernière lui en avait réservé d’autres ». La politique ne lui manque-t-elle pas ? « Parfois. Mais il y a des choses que je ne regrette absolument pas d’avoir quitté. Vous savez, l’Amérique a beaucoup changé depuis. L’argent dirige presque tout à présent ». A l’image de la campagne Clinton qu’il avait mené avec Bill Clinton en 1992, Al Gore en éternel optimiste, n’a jamais perdu en confiance en l’avenir : « Les choix que nous faisons actuellement auront des conséquences sur les générations futures. Ils se doivent être mûrement réfléchis. Nous vaincrons cette crise climatique ensemble ».

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