After The Storm

Le cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda s’est fait le spécialiste des peintures de foyers en reconstruction. Dans « Like Father, Like Son », il relatait les difficultés rencontrées par deux familles qui s’apercevaient après une dizaine d’années que leur enfant avait été échangé à la naissance. « Our Little Sister » parlait de trois jeunes femmes qui découvraient, suite au décès de leur père, l’existence d’une demi-sœur cachée. Cette fois encore, les problématiques de l’apprivoisement sentimental et du tissage des liens familiaux est au cœur du film. Le cinéaste raconte les efforts et les désillusions d’un père irresponsable qui tente de regagner la confiance de son ancienne épouse et améliorer les contacts avec son fils. Mais comme pour faire mentir sa bonne volonté, cet écrivain en mal d’inspiration préfère plutôt gaspiller aux jeux son argent gagné en tant que détective privé, que verser ses pensions alimentaires. Fidèle à son style, Kore-Eda dépeint ses personnages par petites touches, en un agencement de scénettes d’apparence anodine tels l’attente d’un train, les promenades sous les cerisiers ou les repas, marque de fabrique du cinéaste. Il profite de ces moments pour tirer le meilleur de ses acteurs et capter l’émotion dissimulée dans les petits gestes. Le résultat est moins réussi ici que dans les œuvres de l’auteur citées plus haut. Peut-être s’est-il satisfait trop vite de son scénario, moins complexe et riche que les précédents ? Les thématiques débattues sont plus convenues et les conflits moraux moins inédits si bien que les petits riens du quotidien perturbé de ses personnages, même mis en scène avec savoir-faire, ont moins de force. Un ouvrage mineur dans la carrière d’un artiste habitué aux sommets.