Cinq ans après son fabuleux « Blancanieves », le réalisateur espagnol, Pablo Berger nous revient avec un film divertissant et original.
[dropcap size=small]N[/dropcap]ommé à huit «Goyas», mais n’en remportant aucun, «Abracadabra» est un film particulier. Par son humour décalé et son originalité, il aurait pourtant mérité une ou plusieurs récompenses à la célèbre nuit madrilène. Carlos est un mari macho et insupportable. Sa passion, c’est le football et le Réal Madrid en particulier. Cet « afficionado » de l’équipe madrilène n’imagine même pas louper l’événement annuel qu’est la Coupe du Roi, d’autant plus que cette année son club de cœur rencontre le Barça, l’ennemi juré en Finale !!! Marié à Carmen une très belle femme et père d’une adolescente en pleine crise, notre héros délaisse sa famille pour sa seule et unique passion. Grincheux et peu attentionné, le grutier de formation, accepte malgré tout de se rendre, le jour même, à un mariage. Sur place il crée un scandale à l’église en hurlant sa colère lorsque Messi inscrit le but victorieux pour les Catalans et ce n’est pas tout… Lors de la soirée festive, notre héros se fait une fois de plus remarquer en ridiculisant son cousin, illusionniste. C’en est trop. Le sort s’acharne alors sur Carlos qui se retrouve victime d’une sorcellerie.
Un être maléfique, ayant vécu quelques années auparavant, s’approprie le corps du malheureux. Surpris puis inquiets pour lui, sa famille va tout tenter pour le sauver, mais est-ce encore possible ? Après avoir émerveillé le public espagnol en 2013, avec son chef-d’œuvre muet, en noir et blanc « Blancanieves », Pablo Berger nous revient une fois de plus avec un film très original. On passe par toutes les émotions durant une heure et demie. Très drôle et caricatural au départ, le dernier long-métrage du cinéaste espagnol se veut par la suite beaucoup plus intriguant, puis inquiétant. Certaines scènes pouvant même être considérées comme horrifiques sur la fin. Tout le monde y trouve donc son compte.
Les personnages sont excellents en particulier le couple principal composé de Maribel Verdu (Carmen) et Antonio de la Torre (Carlos). La première, amie du réalisateur, nous fait étalage de tout son talent comique. Ses airs de femme choquée et surprise accompagnent à merveille les nombreux rebondissements du film. Le second caricature parfaitement l’espagnol moyen. Il est drôle sans en faire trop. À leurs côtés nous trouvons Josep Maria Pou dans le rôle de l’expert en hypnose, le docteur Fumetti. L’espagnol aux 32 ans de carrière a déjà tourné pour Pablo Berger. Cette fois-ci, il incarne un médecin mi-honnête, mi-charlatan aux pouvoirs surnaturels.
La capitale espagnole fait, elle aussi, partie des personnages, parfois moderne, mais aussi ancienne, autant aimée que détestée, la métropole hispanique donne, elle aussi un cadre unique à cette histoire. Depuis le court-métrage « Mama » (1988), Pablo Berger voit ses films comme étant extrêmes, le cinéaste traite chaque projet comme si c’était son dernier. Il prend plaisir à y insérer toutes ses obsessions. Pour ce faire, il déverse ses démons et images en vrac pour que ses réalisations deviennent de plus en plus excentriques.
« Abracadabra » est une fable moderne aux couleurs saturées, extrême dans son humour, fondée sur l’absurde qui, comme ses dernières œuvres, sort des sentiers battus. Le cinéaste basque se défend de vouloir aller à contre-courant par provocation. Il prône au contraire un cinéma ouvert, où tout le monde peut piocher ce qu’il recherche.
Son dernier métrage est simple, accrocheur et magique. On ne peut donc que le recommander…
Abracadabra
ESP – 2017 – Comedy
Réalisateur: Pablo Berger
Acteur: Maribel Verdu, Antonio de la Torre, Jose Mota
Frenetic Films
02.05.2018 au cinéma