Des années après avoir réalisé « Le Cercle », le réalisateur Gore Verbinski revient avec un nouveau thriller horrifique : « A Cure for wellness ». L’histoire se déroule en Suisse, dans un sanatorium isolé, où Lockhart, le personnage principal, va bien vite découvrir que d’étranges choses s’y passent, et qu’une grande part d’ombre entoure les pratiques de ce “centre de bien-être“.
Lockhart, un jeune cadre ambitieux new-yorkais, se fait envoyer en Suisse par ses supérieurs, dans le but de récupérer le patron de leur entreprise, ayant apparemment perdu la tête et résidant dans un sanatorium perdu au fin fond des Alpes. En arrivant sur place, les heures de visites des patients étant terminées pour la journée, Lockhart se voit dans l’obligation de passer la nuit dans la région et c’est en se rendant dans une auberge locale qu’il a un accident de voiture. Lockhart se réveille avec une jambe cassée dans le sanatorium, où on lui diagnostique le même mal qui ronge tous les autres patients, il n’a alors plus d’autre choix que d’accepter de suivre le fameux traitement du centre, communément appelé “la cure“ par les autres pensionnaires de l’Institut. Lockhart profite de ce séjour pour retrouver son patron et explorer le site, afin de découvrir quelle est cette noirceur que recèle ce centre et en quoi consiste réellement cette mystérieuse cure.
Ce sanatorium, rappelant les asiles psychiatriques des années 1950, donne au film une allure de remake de « Shutter Island ». L’histoire, elle aussi, reprend la même base : un homme venu investiguer un centre aux pratiques douteuses qui se fait peu à peu prendre dans un cercle infernal, le faisant devenir à son tour un patient de l’Institut bien qu’il clame haut et fort qu’il n’est pas fou. Le personnage interprété par Dane DeHaan rappelle d’ailleurs celui de DiCaprio dans Shutter Island, et le corpus médical de l’Institut ainsi que son directeur autoritaire rappellent également les personnages du film de Scorsese. Alors : parodie ou manque d’originalité de la part de Verbinski ? Le ton décalé de « A Cure for wellness » (et surtout la scène finale) laisserait plutôt penser que le réalisateur se moque de cette mode des films psychologiques qui prennent des grands airs d’intellectuels, mais cependant, on peut se demander si cet effet était bel et bien voulu.
Le film commençait pourtant très bien, dans une ambiance réaliste et avec une intrigue prenante, mais plus le film avance, plus on verse dans l’exagération. Autant les personnages que la suite des événements deviennent de plus en plus caricaturaux, et on assiste à un renversement en passant de thriller psychologique réaliste à film d’épouvante gothique, ambiance « Crimson Peak » (Guillermo Del Toro, 2015) ou « Dracula » (Francis Ford Coppola, 1992), où l’ambiance vieux château mystérieux et secrets enfouis par son propriétaire rendent l’histoire moins crédible et nous amènent à nous demander si le réalisateur n’a pas confondu la Suisse avec la Roumanie…
Le lieu où se déroule l’histoire, cependant, parvient à rester très intriguant pendant toute la durée du film, et réussit ainsi à maintenir l’intérêt du spectateur, qui se fait emmener toujours plus loin dans ce sanatorium labyrinthique. Le protagoniste va nous faire découvrir progressivement toute la noirceur qui se cache dans les sous-sols de l’Institut, et l’ambiance glauque laissera peu à peu place à un malaise grandissant. Tout ne sera révélé qu’à la fin du film, bien que le final ne soit que peu surprenant. Comme c’est le cas dans « Shutter Island » également, le tout dernier plan du film propose au spectateur une double interprétation possible, et le final reste ambigu. Et comme c’est le cas pour chaque film d’horreur, un travail important a été effectué pour le son, afin de provoquer des effets de suspense ainsi qu’une ambiance inquiétante réussie.
Le principal problème de « A Cure for wellness » demeure cependant le manque de rythme. Le film démarre bien, mais traine en longueur jusqu’au point où le spectateur même ne voit plus où veut en venir le réalisateur. En bref, l’idée de base du film était intéressante, cependant elle a été exploitée de manière simpliste et plus on avance dans le film, plus on est déçu de la tournure que prennent les événements. Ceux qui ont vu le trailer et qui s’attendent à voir un thriller psychologique se déroulant dans un asile risquent donc d’être déçus, car le film pousse l’histoire beaucoup plus loin et finit par tomber dans le genre fantastique. Enfin, la représentation des suisses, comme ignares et agressifs, est assez maladroitement menée de la part du réalisateur, qui illustre la Suisse comme un pays à la limite entre le Tiers-monde et le Moyen-Age, vision encore renforcée par le contraste avec le début du film se passant dans une New York ultramoderne.
- De Gore Verbinski
- Avec Dane DeHaan, Jason Isaacs, et Mia Goth
- 20th Century Fox