En son temps, la trilogie Jason Bourne avait révolutionné le film d’espionnage/action, suivi par un spin-off plus qu’oubliable. Retour de Matt Damon dans le rôle de l’agent amnésique
Il y a quelques jours de cela, l’information est tombée : Matt Damon possède moins de cinquante lignes de dialogues dans l’ensemble du long-métrage. Bonne ou mauvaise nouvelle, dans tous les cas, cette news pouvait confirmer un film violent, brutal, dans la droite lignée de la (bonne) première trilogie de l’agent américain. Ces nouvelles aventures étaient présentées à la Piazza Grande, en première partie de soirée ce vendredi. On sentait la curiosité quelque peu inavouée de la mythique place pour ce blockbuster d’action.
Le film s’ouvre. Très vite, Matt Damon arrive sur l’écran géant. Il se bat dans des combats clandestins, filmés de manières brutales et viscérales. On retrouve la mise en scène rapprochée, filmée à la steadycam : on replonge dans ce qui avait fait la force des premiers films. Quelques uppercuts plus tard, nous retrouvons une autre actrice bien connue de la série, Julia Stiles. L’ancien acolyte de notre héros pirate la CIA et retombe sur les fichiers secrets des opérations de l’agence, dont celle qui transforma à jamais David Webb, le véritable nom de notre agent. Le père de ce dernier est même évoqué. Mais si on connaît un minimum la série d’origine, le classicisme du scénario ne surprend guère.
Et puis, tout s’effondre. D’un coup de baguette magique, l’agence réussit à utiliser la technologie de manière improbable, afin de retrouver la source de l’attaque informatique, une reconnaissance faciale basée sur… rien. Il semble que Greengrass, le réalisateur, et son équipe n’aient aucune idée de l’utilisation actuelle de ces procédés. On perd déjà pied devant l’aberration de la facilité narrative. Un problème technologique qui perdura durant l’intégralité du film, atrophiant toute crédibilité à l’histoire qui défile devant nos yeux. Pire, avec l’intégration d’un « facebook » local, afin de soulever des questionnements sur les réseaux sociaux et l’utilisation des données par les agences de renseignement. Même si l’intention est louable, tout s’effondre en une poingée de secondes.
Cependant, nous ne sommes pas au bout de nos peines. Quelques minutes plus tard, les deux fugitifs – miraculeusement retrouvés – sont pris en chasse dans les rues d’Athènes en pleine révolution. La caméra balance, se perd en route, tremble constamment. C’est maintenant que la shakycam de Greengrass devrait retourner au placard : une image horrible, un cadrage totalement raté, une action illisible. La nausée monte, on se croirait devant un projet amateur du dimanche. La scène dure des heures, quasiment aucun plan large nous permettant de respirer.
Après avoir survécu à une image sous Parkinson, le film continue, irrémédiablement. Les acteurs eux même ne semblent plus croire au projet. Alicia Vikander fait du tourisme, Vincent Cassel vient prendre son chèque, et Matt Damon fait regretter ses anciens rôles – c’est dire ! Suite avec la traditionnelle course poursuite, elle aussi filmée sans concession. Des bruitages dignes des années 90, des scènes incompréhensibles, un final au ridicule. C’est insupportable, on regarde sa montre, on délaisse l’écran. Le film se termine, on l’a déjà oublié, et on se rue sur les trois premiers volets, à des années lumières de ce reboot qui ressemble plus à une insulte aux films d’actions qu’une envie légitime de prolonger l’univers Bourne.
Jason Bourne
Festival del Film Locarno – Piazza Grande
De Paul Greengrass
Avec Matt Damon, Alicia Vikander, Julia Stiles, Tommy Lee Jones
Sortie romande : 10 août 2016
a force de tirer sur la corde… c’est triste de terminer une saga de telle façon… Jason est mort !
[…] article s’est fait légèrement attendre, c’est que tout était déjà éloquemment dit par nos confrères. Jason Bourne est une […]