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mardi, novembre 19, 2024
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14ème Lausanne Underground Film&Music Festival

Yamine Guettari
Yamine Guettari
se promène souvent dans les bois avec un tronc d'arbre sur l'épaule. Aime respirer l'odeur du napalm au petit matin. Et quand il tire, il raconte pas sa vie !

Erwin C. Dietrich: DIE LIEBESBRIEFE EINER PORTUGIESISCHEN NONNEPrêts pour une 14ème édition du LUFF plus zarbi que jamais ? Elu par plébiscite festival le plus décalé de Suisse, il proposera cette année une pelletée de films et musiques étranges, à la marge, inclassables, à l’intention des spectateurs curieux et prêts à sortir de leur zone de confort !


Cette année, la sélection cinéma du LUFF se veut globe-trotteuse, avec la Suisse comme point de départ via un hommage au maître de l’exploitation helvète hypersexuée Erwin C. Dietrich. Blondes aux courbes gouleyantes magnifiant les reliefs alpins, religieuses jess-francoiennes aux pulsions saphiques, bikers nazis, violence, masochisme, catch dans la boue : le légendaire producteur américain Roger Corman lui-même n’oserait prétendre à tant de velléité. Car comme son homologue américain, Dietrich possède un palmarès long comme le bras, résultat de budgets modestes qui surent profiter des modes du moment. Il a produit plus d’une centaine de films, en a réalisé près d’une cinquantaine et scénarisé plus encore. Du drame romantique alpin dans les années 1950, à l’exploitation pure et dure entre la fin des 60’s et le début des 80’s, Dietrich a brassé tous les genres. Parallèlement, il a monté Ascot-Elite, qui est aujourd’hui la plus importante boîte de distribution indépendante du pays.

Sadique à la tronçonneuse de Juan Piquer Simon
Sadique à la tronçonneuse de Juan Piquer Simon

A travers une poignée de films emblématiques de la période «exploitation», vous pourrez plonger au cœur du Dietrich coquin, celui qui sut magnifier les Alpes grâce à la plastique parfaite d’Ingrid Steeger, produire certains des meilleurs titres de Jess Franco, et livrer des pépites improbables, parfois signées de réalisateurs à l’identité pour le moins surprenante. La sélection sera transversale et proposera « Je suis une groupie », « Lettres d’amour d’une nonne portugaise », « Mad Foxes », « Mädchen, die am Wege liegen », « L’histoire de Pierra », et « Oies sauvages ».

Erwin C. Dietrich - Mad Foxes
Erwin C. Dietrich – Mad Foxes

Seconde étape: le Kazakhstan, avec le punk Rachid Nougmanov dont les films pré-chute du bloc de l’est tendent vers le docu rock’n’roll et la SF post-apo pleine de nains. L’homme, né en 1954, ne tient pas en place: d’abord architecte – période durant laquelle il tourne «Zgga»

(1977), un premier court inachevé – puis archéologue, il entre à l’école de cinéma de Moscou en 1985. Pendant ses études, il monte des spectacles de rue, s’abreuve des films de la Nouvelle Vague et du documentariste Dziga Vertov («L’homme à la caméra»,1929), dont la véracité détonne avec le tout-venant du cinéma russe. En 1989, premier secrétaire de l’Union des cinéastes du Kazakhstan, il se rend au festival du film international de Moscou, et invente le terme « Nouvelle Vague Kazakh » dans le but d’attirer l’attention sur les films de ses compatriotes. Le terme est toujours utilisé aujourd’hui. Après son deuxième long, «Wild East» (1993), il rencontre et tombe amoureux d’une française, puis se lance dans une carrière politique au Kazakhstan, qui maintenant est indépendant, défendant les droits de l’homme et finit par créer et diriger l’International Freedom Network, qui visait à établir la démocratie dans son pays d’origine. Personnage haut en couleurs et l’un des plus importants réalisateurs venu de l’ex-bloc soviétique, il est aujourd’hui dissident politique dans son pays et défenseur des droits de l’homme au Kazakhstan. Il viendra en personne présenter au LUFF plusieurs films, dont le cultissime « Igla – L’aiguille ». Ce film très rock’n’roll (pour l’époque), a eu une immense importance en URSS. Il a surtout fait connaître Viktor Tsoi, le leader du groupe de rock Kino et star russe, qui incarna le « James Dean de l’URSS », et mourra au volant de son bolide à 28 ans.

 Ben Jay Crossman: Apocalyptic visions of the Outland

Ben Jay Crossman: Apocalyptic visions of the Outland

Le tour du monde continuera avec l’Afrique du Sud où Ben Jay Crossman plonge sa caméra dans des lieux tellement malsains que vous ne souhaiteriez même pas y envoyer votre belle-mère. Et Winnipeg, la ville canadienne qui enfanta Guy Maddin, mais aussi une horde de cinéastes dégénérés. On n’échappera pas à une virée aux States avec le « Fluxus cab driver » Jeff Perkins que l’on va sortir de l’ombre. Et puis l’Autriche avec Peter Tscherkassky et une carte blanche au Filmmuseum de Vienne et sa collection exceptionnelle de cinéma d’avant-garde…

Mentionnons pour finir ce rapide survol de la partie cinéma du LUFF, les films qui composeront la Compétition internationale de long-métrages, qui confirme le caractère autre de la programmation. L’inclassable et foutraque « Aaaaaaaah ! » (Steve Oram, Royaume-Uni), le thriller féministe psychologique « Felt » (Jason Banker, Etats-Unis), l’ode à la nécrophilie « Nina Forever » (Ben Blaine & Chris Blaine, Royaume-Uni), l’élucubration post-biblique « A Man Full of Days » (Enrico Cullen, Etats-Unis), et pour finir la comédie hipster satirique « Start Options Exit » (Yoav Lester & Christopher H.F. Mitchell, Australie).

Ecoute la Merde - Vivian Grezzini
Ecoute la Merde – Vivian Grezzini

Mais le LUFF c’est aussi une partie musicale, aussi déviante que le reste, le programmeur nous interpelant en ces termes : « T’as déjà écouté la merde ? — Comment ? Tu veux dire… ce qu’on entend partout ? Ou…se pencher par terre pour écouter une crotte? [Silence.] —Heu… non dans les deux cas, ce serait con. » Le programme musical 2015 y répond non moins connement en faisant exploser l’alternative. D’un tiroir poussiéreux, Kirkegaard exhumera les bandes du Faust de Else Marie Pade. Chavez jouera des débris de vinyles, Mouri les défoncera à coups de pied. Le black metal de Liturgy sera détesté des black métaleux. Pedestrian Deposit fera aimer la souffrance. Collins aimer mettre les doigts dans les circuits électriques. Lumisokea se faire vriller le cerveau. Yeh aimer le post-lettrisme. Headwar le post-punk saturé. Et Schmickler fera physiquement regretter d’être venu. Mais il y en aura heureusement bien d’autres, comme la harsh noise thérapeutique d’Ecoute la Merde.

14ème Lausanne Underground Film&Music Festival
Lausanne
Du 14/10 au 18/10

www.luff.ch

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