Sakamoto n’a jamais eu besoin d’orchestre entier pour émouvoir. Sa musique est à l’image de sa nationalité japonaise : simple, épurée, pleine de sens, d’émotions et de paradoxe. Pour « The Revenant », il emmène même son style plus loin et compose une musique envoûtante et terrifiante, entre malaise et fascination. Majoritairement basée sur de longues notes étendues et lancinantes, la musique de « The Revenant » semble vouloir nous bercer et nous entraîner doucement vers quelque chose d’incertain et d’inconnu. C’est sur ce paradoxe, entre douceur et terreur, que Sakamoto joue. Il commence par de longues plages de minimalisme hypnotique, avant de revenir brièvement à des instants plus brusques et décomposés. Il installe un certain confort auditif, juste avant de la briser, puis de reprendre. Ce schéma se répète alors sur plus d’une heure et nous laisse toujours dans un malaise d’entre-deux, ne sachant si nous devons nous laisser aller ou nous préparer à un réveil brutal.
The Revenant
Ryûichi Sakamoto & Alva Noto
Milan Records