Le nouveau film de Quentin Dupieux, « Réalité », a été présenté lors de la 71ème édition de la Mostra de Venise qui se déroule du 27 août au 6 septembre.
Après l’expérimental « Nonfilm » (2001), le dégoulinant d’hémoglobine « Steak » (2007), le psychédélique « Rubber » (2011), l’anxiogène « Wrong » (2012), et le délirant « Wrong Cops » (2014), Quentin Dupieux débarque dans la lagune vénitienne pour y présenter son sixième long métrage, « Réalité » dans la section parallèle « Orizzonti ». Toujours aussi iconoclaste et décalé, ce dernier opus mêle trois histoires, trois degrés de réalité et des personnages qui s’entrecroisent dans leurs propres cauchemars… Ou sont-ce des rêves ?
Ces trois histoires sont celles de Réalité, une fillette de huit ans qui trouve une mystérieuse cassette vidéo de Jason, un aspirant-cinéaste en mal d’inspiration qui réussit à convaincre Bob Marshall, un producteur véreux, de financer son prochain film d’horreur futuriste. Celui-ci accepte mais le met au défi de trouver en 48 heures le « cri d’horreur » qui puisse décrocher les Oscars…
Graduellement, la quête de Jason se transforme en véritable cauchemar qui perdra le pauvre homme dans ses méandres surréalistes.
Tourné en Californie en seulement vingt jours, entre Los Angeles, Malibu, Hollywood et Santa Monica, le film propose une palette d’acteurs essentiellement français : Alain Chabat (qui incarne Jason), Élodie Bouchez, sa femme dans ce film et psy, Jonathan Lambert (« Steak »), Jon Heder (« Et si c’était vrai »), Eric Wareheim ou encore Roxane Mesquida (« Wrong Cops »).
Depuis que son pneu télépathe « Rubber » a soulevé moult poussière – un deuxième film qui a marqué le monde du cinéma d’auteur dans lequel Quentin Dupieux (Mr. Oizo en musique) s’est définitivement installé – le cinéaste est bien décidé à continuer à jouer les trublions, se jouant aussi bien des conventions cinématographiques que de ses pairs. Pendant l’année écoulée, Dupieux a pondu deux longs métrages tournés aux Etats-Unis, « Wrong Cops », son film le plus « conventionnel » (entièrement en anglais) et ce « Réalité », une production franco-belge qui mélange le français et l’anglais dans un cadre rétro inspiré des années 70.
Immergés dans l’absurde, les films de Dupieux sont une réelle bouffée d’oxygène dans la masse des productions actuelles. Tous les acteurs, américains comme français, sont excellents et se coulent dans leur rôle avec brio : Quentin Dupieux a le flair pour choisir ses comédiens et les faire fonctionner à la perfection ensemble. Le métrage séduira les fans inconditionnels du cinéaste, qui conserve son ton décalé dans une intrigue, voire des intrigues, dans lesquelles abondent les non-sens, mis en valeur par une photographie lumineuse, parfois légèrement sépia pour créer des anachronismes dans cette mise en abyme d’histoires superposées. Dans une ambiance sonore électronique qui rappelle les premiers Carpenter, Dupieux laisse courir frénétiquement sa caméra, ne peaufine pas, il expérimente : dédoublements des personnages, mélange des époques et des réalités, fractures temporelles, mélange d’onirisme et de réalité, le tout saupoudré d’un humour vache, parfois même noir.
Les premières stars du casting sont arrivées à la 71ème Mostra, dont Elodie Bouchez, pour présenter le film de Quentin Dupieux. Citons aussi l’arrivée au Lido de Julie Gayet. La plupart ont assisté à la première de « Birdman », le nouveau film d’Alejandro Gonzalez Inarritu, avec Michael Keaton et Emma Stone.
« Réalité »
De Quentin Dupieux
Avec Alain Chabat, Élodie Bouchez, Jonathan Lambert