Prenez un synopsis que n’auraient pas renié les frères Dardenne (une veuve qui hérite de la garde de son fils impulsif et violent se voit aidée dans sa tâche par une voisine mystérieusement mutique), ajoutez-y l’impertinence et l’audace du jeune Québécois Xavier Dolan et vous obtenez l’un des plus grands phénomènes cinématographiques de 2014. En effet, entre son prix du jury à Cannes, les larmes de Dolan qui se voyait déjà avec la Palme d’Or dans les mains, la critique pratiquement unanime… il était difficile de passer à côté de l’ouragan « Mommy » l’année passée. Six mois plus tard, alors que le buzz est derrière nous, force est de constater que le film n’a rien perdu de sa superbe. Véritable maelström émotionnel, le cinquième film de Xavier Dolan est une déflagration de vie où l’authenticité des situations finit par nous troubler. Enfin, les artifices auxquels le jeune réalisateur nous avait habitués prennent du sens. Mieux, ils s’avèrent désormais vecteurs d’émotion : il y a quelque chose d’étourdissant dans ces changements de formats « provoqués » par le personnage de Steve. Le choix de l’image carrée se justifie également par la volonté de Dolan de fermer la porte à la condescendance, de ne pas regarder ses personnages de haut et de forcer les spectateurs à les considérer « droit dans les yeux ». À l’image de sa bande-son « pop-clichée », « Mommy » se situe souvent à la limite du too-much mais finit (presque) toujours par tomber du bon côté et par emporter notre adhésion.
Mommy
De Xavier Dolan
Avec Matthew Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément