Basé sur une histoire vraie, ce film retrace avec un grand doigté l’histoire d’une femme, et avec plus de maladresse une lutte juridique suite aux spoliations des nazis.
À la mort de sa sœur, Maria Altmann se lance dans un projet ambitieux : récupérer auprès du gouvernement autrichien plusieurs tableaux ayant appartenu à sa famille et spoliés lors de « l’Anschluss ». Parmi eux figure un portrait de sa tante, Adèle Bloch-Bauer, peint par Klimt, et considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de sa période dorée. Elle s’adjoint pour cela les services d’un jeune avocat de Los Angeles, Randol Schoenberg, ami de la famille. D’abord sceptique et surtout intéressé par l’argent, il se trouve vite investi dans cette bataille juridique contre l’Autriche, peu encline à restituer l’une de ses plus belles œuvres, mais aussi dans la découverte de cette vieille dame juive pleine de dignité et de son histoire, de sa jeunesse dans la bourgeoisie viennoise à l’arrivée du nazisme au pouvoir, de sa fuite vers les États-Unis et de la façon dont la mémoire de l’Histoire doit être entretenue…
Très belle réalisation de Simon Curtis, qui signe un film en tout point réussi, s’il s’agit de suivre l’évolution de ses personnages. Helen Mirren campe une Maria Altmann magnifique, dosant son jeu d’actrice avec une subtilité consommée. Le portrait qu’elle dresse de cette femme, immigrée juive choisissant de se confronter à son passé plus que douloureux, est vraiment poignant, soutenu par une alternance de flashbacks dont les reconstitutions d’époque sont à saluer. Pour faire le contre-poids, il y a ce jeune avocat, américain jusqu’au bout des ongles, descendant d’un illustre compositeur autrichien, qui redécouvre l’histoire de ses ancêtres et de son pays d’origine et se gagne une conscience en or au passage.
Mais voilà, le film nous laisse un peu sur notre faim concernant le contexte plus large dans lequel il s’inscrit, et surtout en termes de réflexion. On en ressort très ému sur le moment mais en se demandant quelques jours plus tard quel contenu plus conséquent on peut en tirer. Cela est surtout dû au traitement de l’histoire très « à l’américaine », avec ces héros du quotidien que sont Maria et Randol, lancés dans un combat plein de bons sentiments et juste mais qui laisse tout le boulot de décentrement et de réflexion au spectateur, s’il a envie de se donner cette peine ! Un bon moyen de se sensibiliser à ce pan de notre histoire mais qui ne suffit pas, malgré la prestation des acteurs.
La femme au tableau
De Simon Curtis
Avec Helen Mirren, Ryan Reynolds et Daniel Brühl
Elite Films
Sortie le 15/07